Le Togo marque un nouveau point dans sa lutte contre la corruption en s’attaquant à la racine du problème : l’éducation. Le 3 juillet, les autorités ont lancé le Projet d’intégration de l’éducation anti-corruption dans les programmes d’enseignement et de formation. C’est une initiative globale visant à inculquer des valeurs éthiques aux élèves dès le plus jeune âge.
Kimelabalou Aba, président de la HAPLUCIA (Haute Autorité pour la Prévention et la Lutte contre la Corruption et les Infractions Associées), a mis l’accent sur l’importance de la prévention par l’éducation.
« La prévention de la corruption par la sensibilisation, la communication, l’information, l’éducation et la formation pour un changement de comportement, a été mise au cœur des stratégies de lutte afin de susciter un éveil de conscience des populations sur le danger que constitue ce phénomène. Dans cette optique, l’intégration de l’éducation à la lutte contre corruption dans les curricula d’enseignement et de formation au Togo peut constituer un élément catalyseur du changement », a-t-il expliqué.
La lutte contre la corruption enseignée dans les écoles et universités
Ce programme s’inscrit dans la stratégie globale de lutte contre la corruption du Togo. Les autorités reconnaissent qu’un changement durable doit commencer en classe. Le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage, Isaac Tchiakpe, a précisé que cette initiative ne constituait pas seulement une politique gouvernementale, mais une responsabilité sociétale.
« Cette initiative ne doit pas rester un projet technocratique. Elle appelle à l’implication de tous, y compris des médias, des enseignants et des parents. En intégrant la lutte contre la corruption dans les salles de classe, le Togo espère former une nouvelle génération de citoyens responsables et intègres, capables de refuser la corruption et de construire un avenir plus juste pour le pays », a-t-il déclaré.
Stratégie à deux volets pour les écoles et les universités
Le projet sera mis en œuvre selon deux approches distinctes. La première, une méthode intégrée, intégrera les thèmes de l’éthique et de la lutte contre la corruption dans les matières existantes aux niveaux primaire et secondaire. La seconde, une approche modulaire, introduira des modules de formation spécialisés dans les lycées techniques, les centres de formation professionnelle et les universités.
La phase pilote débutera à l’année scolaire 2025-2026, ciblant certains établissements de Lomé et de Kara. Des établissements d’enseignement secondaire tels que le Lycée de Légbassito, le Lycée Technique d’Adidogomé, le Lycée Kara Sud et le CRETFP de Kara participeront au projet, aux côtés d’établissements d’enseignement supérieur tels que l’Université de Lomé, l’École nationale d’administration (ENA) et la Faculté de droit de l’Université de Kara.
Doté d’un budget de plus de 650 millions de francs CFA, le projet se déroulera sur trois ans et demi (de janvier 2025 à juillet 2028) en cinq phases clés :
- Élaboration du contenu pédagogique
- Mise en œuvre pilote dans certaines écoles
- Tests et évaluation
- Extension à d’autres établissements
- Déploiement national
L’objectif ultime est de former une nouvelle génération de citoyens togolais qui rejettent la corruption comme norme. En intégrant l’éducation à la lutte contre la corruption dès le plus jeune âge dans le système scolaire, le Togo espère favoriser une culture de transparence et de responsabilité qui perdurera pendant des décennies.
