Salaire des maires au Togo : découvrez combien gagnent vraiment vos élus !

Salaire des maires au Togo : découvrez combien gagnent vraiment vos élus !

À combien s’élève le salaire des maires au Togo ? Contrairement à ce que beaucoup pensent, les maires ne perçoivent pas un salaire au sens classique du terme, mais une indemnité mensuelle fixée par l’État. Depuis l’arrêté interministériel du 30 décembre 2019, ces indemnités varient de 210 000 à 625 000 F CFA selon la taille de la commune. Une différence qui illustre les inégalités entre les petites localités rurales et les grandes villes comme Lomé ou Sokodé.

Un mandat municipal gratuit, sauf pour le maire et ses adjoints

La législation togolaise sur la décentralisation pose un principe fondamental : le mandat de conseiller municipal est exercé gratuitement. Aucun salaire fixe n’est versé aux membres du conseil municipal. Seuls le maire et ses adjoints bénéficient d’une indemnité mensuelle de fonction, accompagnée de diverses primes et allocations.

Cette distinction marque une rupture nette entre les responsabilités exécutives et le simple rôle de conseiller. Tandis que le maire assume des fonctions à temps plein ou quasi-plein nécessitant une compensation financière, les conseillers municipaux exercent leur mandat parallèlement à leur activité professionnelle principale. Ils touchent néanmoins des indemnités de session et de déplacement lorsqu’ils participent aux réunions du conseil.

Barème des indemnités : de 210 000 à 625 000 F CFA mensuels

L’arrêté interministériel des Finances et de l’Administration locale établit une grille de rémunération à quatre niveaux, directement indexée sur la population de la commune. Cette approche vise à adapter la charge de travail et les responsabilités du maire à la réalité démographique de son territoire. Combien vont donc gagner les maires récemment élus un peu partout au Togo ?

  • Pour les communes de plus de 150 000 habitants, catégorie qui regroupe les grandes villes togolaises, le montant total des indemnités atteint jusqu’à 625 000 F CFA par mois. Un maire de Lomé ou de Sokodé se situe dans cette tranche supérieure, reflétant la complexité de la gestion urbaine et l’ampleur des défis administratifs.
  • Les communes comptant entre 100 001 et 150 000 habitants voient leurs maires percevoir environ 480 000 F CFA mensuels, soit près de 80 % de la rémunération maximale. Cette catégorie intermédiaire concerne plusieurs chefs-lieux de préfecture et villes moyennes du pays.
  • Pour les communes de 50 001 à 100 000 habitants, l’indemnité tombe à environ 245 000 F CFA par mois. Ce niveau correspond à des agglomérations secondaires où la densité et les services publics restent limités.
  • Enfin, les petites communes de moins de 50 000 habitants, qui représentent la majorité des collectivités togolaises, allouent à leur maire une indemnité mensuelle d’environ 210 000 F CFA. Un montant trois fois inférieur à celui des grandes villes, témoignant des contraintes budgétaires des zones rurales et semi-rurales.
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Structure du salaire des maires au Togo : indemnités de fonction, logement et autres primes

La rémunération du maire ne se limite pas à une simple dotation forfaitaire. Elle se compose de plusieurs éléments distincts, chacun répondant à un besoin spécifique lié à l’exercice du mandat.

  • L’indemnité de fonction constitue le socle principal. Elle représente la compensation pour les responsabilités administratives, politiques et représentatives assumées par le maire. Cette indemnité mensuelle fixe varie selon la catégorie de la commune.
  • L’indemnité de logement s’ajoute pour le maire, ses adjoints et les présidents ou rapporteurs de commissions municipales. Elle vise à compenser les frais de résidence ou à faciliter l’accès à un logement décent dans la commune d’exercice, particulièrement important pour les élus qui ne résident pas initialement dans la localité.
  • Les indemnités de session et de déplacement, quant à elles, concernent principalement les conseillers municipaux ordinaires. Versées sous forme de per diem lors des réunions du conseil, elles couvrent les frais de transport et de participation. Le maire et ses adjoints, déjà indemnisés mensuellement, n’y ont pas droit.
  • Les frais de mission, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, peuvent également s’ajouter selon les textes en vigueur. Ces remboursements couvrent les déplacements officiels dans le cadre de représentations institutionnelles, de formations ou de coopérations décentralisées.

Le statut des adjoints au maire : une rémunération proportionnelle

La hiérarchie municipale se reflète dans l’échelle des indemnités. Le premier adjoint perçoit les deux tiers de l’indemnité du maire, tandis que les autres adjoints touchent la moitié. Dans une commune de plus de 150 000 habitants où le maire gagne 625 000 F CFA, le premier adjoint reçoit donc environ 417 000 F CFA, et les autres adjoints près de 312 500 F CFA.

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Ce système gradué reconnaît les responsabilités différenciées au sein de l’exécutif municipal. Le premier adjoint, qui supplée le maire en cas d’absence et coordonne souvent des délégations importantes, bénéficie d’une rémunération intermédiaire. Les autres adjoints, en charge de secteurs spécifiques comme l’état civil, les finances ou l’urbanisme, perçoivent une indemnité plus modeste mais néanmoins significative.

Avantages en nature : entre usage local et cadre fiscal

Au-delà des indemnités monétaires, la question des avantages en nature reste moins codifiée mais tout aussi réelle. Le Code général des impôts togolais classe explicitement comme avantages imposables la mise à disposition gratuite d’un logement de fonction, d’un véhicule de service, d’un téléphone professionnel ou la prise en charge de frais de séjour.

Dans la pratique, l’attribution de ces avantages varie considérablement d’une commune à l’autre. Les grandes mairies disposent généralement de moyens plus importants pour fournir un bureau équipé, un logement municipal ou un véhicule au maire. Certaines collectivités remboursent partiellement les frais de téléphone, de carburant ou d’électricité liés à l’exercice des fonctions.

Toutefois, aucune disposition nationale n’uniformise ces pratiques. Tout dépend des ressources locales et des délibérations du conseil municipal. Une mairie urbaine prospère pourra offrir un logement de fonction spacieux et un véhicule 4×4, tandis qu’une petite commune rurale se limitera à un bureau sommaire et au remboursement occasionnel de frais de déplacement.

Du point de vue fiscal, ces avantages sont théoriquement imposables. La valeur locative d’un logement de fonction, l’usage privé d’un véhicule municipal ou la prise en charge d’un téléphone constituent des éléments de rémunération à déclarer. Dans les faits, l’application stricte de cette règle dépend de la transparence des communes et du contrôle exercé par l’administration fiscale.

Un système de rémunération encore perfectible

Le cadre légal instauré en 2019 a eu le mérite de clarifier et d’harmoniser les indemnités des élus locaux togolais. Avant cette réforme, les disparités étaient encore plus marquées, et certaines communes fonctionnaient avec des barèmes informels ou obsolètes.

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Néanmoins, des questions persistent. Les petites communes, aux budgets limités, peinent parfois à verser régulièrement les indemnités prévues. Les ressources propres de ces collectivités dépendent largement des transferts de l’État central et de maigres recettes fiscales locales. Résultat : certains maires de zones rurales accusent des retards de paiement ou se voient contraints de renoncer à une partie de leurs indemnités pour préserver le fonctionnement des services communaux.

Par ailleurs, l’écart salarial entre un maire de grande ville et celui d’une petite commune pose question. Un rapport de 1 à 3 reflète certes la différence de charge de travail, mais il traduit aussi une géographie des inégalités territoriales. Les maires des petites localités cumulent souvent leur mandat avec une activité complémentaire pour joindre les deux bouts, ce qui peut nuire à leur disponibilité et à l’efficacité de l’administration locale.

Enfin, la question de la revalorisation des indemnités reste d’actualité. Fixées en 2019, elles n’ont pas été ajustées depuis, alors que l’inflation et le coût de la vie ont progressé. Une révision du barème pourrait s’imposer dans les prochaines années pour maintenir l’attractivité du mandat et garantir un exercice serein des fonctions municipales.

Transparence et redevabilité : un enjeu démocratique

Le salaire des maires au Togo demeure un sujet sensible dans l’opinion publique togolaise. Entre ceux qui jugent les indemnités trop élevées au regard des services rendus et ceux qui estiment les maires sous-payés pour leurs responsabilités, le débat reste ouvert.

La transparence des rémunérations constitue un levier essentiel de confiance entre les citoyens et leurs élus. Publier régulièrement les comptes des communes, détailler l’usage des indemnités et des avantages en nature, permettre un contrôle citoyen des dépenses : autant de pratiques qui renforcent la légitimité démocratique des maires.

Certaines mairies togolaises ont amorcé cette démarche en affichant publiquement leur budget ou en organisant des rencontres citoyennes pour rendre compte de leur gestion. Mais cette culture de la redevabilité reste inégalement développée sur le territoire national.

Sources : Arrêté interministériel du 30 décembre 2019 fixant le régime indemnitaire des élus municipaux, Loi organique sur la décentralisation (2019), Code général des impôts du Togo.

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