Depuis des semaines, les usagers de l’avenue de la Victoire, près du campus du CHU, sont confrontés à de graves perturbations de la circulation. Les équipes du Comité de gestion de la lagune Ouest travaillent sans relâche pour éliminer une espèce envahissante : la jacinthe d’eau.
Originaire d’Amérique du Sud mais désormais répandue au Togo, cette plante flottante a formé des tapis denses à la surface de la lagune. Elle menace à la fois l’écosystème et les moyens de subsistance locaux.
La jacinthe d’eau, une espèce envahissante aux effets dévastateurs
La jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes), probablement introduite du Ghana voisin, se reproduit à un rythme alarmant, recouvrant jusqu’à cinq mètres carrés par jour. Ses racines profondes et ses feuilles flottantes bloquent la lumière du soleil et appauvrissent les réserves d’oxygène, étouffant ainsi la vie aquatique et perturbant les activités de pêche. Sans prédateurs naturels comme les lamantins dans les eaux togolaises, la prolifération incontrôlée de la plante a entraîné une eutrophisation accélérée, favorisant la prolifération d’algues et de bactéries nocives.
Le coût économique est tout aussi lourd. Les pêcheurs signalent une diminution des prises, tandis que les autorités de Lomé doivent faire face aux coûts élevés de son élimination. La composition saturée d’eau de la plante rend son élimination difficile, et les équipes de nettoyage sont exposées à des risques sanitaires lors de l’extraction.

D’une nuisance à une opportunité ?
Malgré ses tendances destructrices, la jacinthe d’eau recèle un potentiel inexploité. En Afrique et en Asie, elle a été réutilisée pour le traitement des eaux usées, absorbant les métaux lourds et les excès de nutriments. Transformée en engrais organique ou en alimentation animale, elle pourrait soutenir l’agriculture, tandis que ses tiges fibreuses sont déjà utilisées au Nigeria et au Vietnam pour la fabrication de meubles et d’objets de décoration.
Pour Lomé, cette crise pourrait se transformer en innovation. Alors que le Togo met de plus en plus l’accent sur l’enseignement technique, une initiative structurée d’économie verte pourrait transformer cette plante envahissante en ressource, créant des emplois dans le compostage, l’aquaculture ou la production artisanale.