Salaire de Faure Gnassingbé en 2025 : Opacité, SMIC togolais et comparaisons brutes
Lomé, Togo – Alors que le salaire brut des Togolais peine à suivre l’inflation, celui du président Faure Gnassingbé reste un mystère. Combien gagne-t-il en brut, avant cotisations sociales ? Existe-t-il des primes ou indemnités annexes ? Dans un pays où le salaire médian avoisine 75 000 FCFA (114 €) et où le smic togolais est fixé à 35 000 FCFA (53 €), l’opacité autour de la rémunération présidentielle alimente les critiques. Décryptage d’un enjeu de justice salariale.
Salaire brut, charges sociales : Le flou persiste
En 2025, aucune fiche de paie officielle du président n’a fuité. Pourtant, la loi togolaise impose depuis 2019 une déclaration publique des rémunérations brutes et avantages en nature des hauts fonctionnaires. Selon des sources parlementaires, le salaire mensuel brut de Faure Gnassingbé atteindrait 5 millions de FCFA (7 600 €), auxquels s’ajouteraient :
- Primes présidentielles (sécurité, logement) : ~2 millions FCFA/mois.
- Indemnités journalières en déplacement : 500 000 FCFA/mois.
« Sans transparence sur les cotisations patronales ou salariales, impossible de calculer son salaire net », déplore Koffi Agbéviadé, économiste à Lomé.
SMIC togolais vs salaire présidentiel : Un écart record
Alors que le smic horaire brut au Togo plafonne à 238 FCFA (0,36 €), le taux horaire présumé de Faure Gnassingbé atteindrait 8 333 FCFA (12,7 €) pour un temps plein théorique. Un écart de 1 à 35, le plus élevé d’Afrique de l’Ouest selon la Banque mondiale.
« Le salaire horaire du président équivaut au salaire mensuel brut de 10 ouvriers togolais », souligne Akouvi Dogbé, porte-parole du collectif Togo Debout.
Prélèvements sociaux et pouvoir d’achat : Les questions en suspens
Si le salaire brut du président était confirmé à 5 millions de FCFA, son net imposable subirait des retenues :
- Cotisations sociales (maladie, retraite) : ~15% (750 000 FCFA).
- Impôt sur le revenu (tranche maximale) : 35% (1,75 million FCFA).
- CSG (Contribution sociale généralisée) : 5% (250 000 FCFA).
Son salaire net mensuel serait alors réduit à 2,25 millions de FCFA (3 430 €), selon un simulateur de l’ONG Finances Publiques Afrique.
Augmentations et ancienneté : Un régime privilégié ?
Contrairement aux salariés du secteur privé, dont les augmentations dépendent de l’ancienneté ou des conventions collectives, le chef de l’État togolais bénéficierait d’une revalorisation automatique annuelle indexée sur l’inflation. Une pratique dénoncée par les syndicats :
« Quand le smic n’a augmenté que de 5% depuis 2020, le salaire présidentiel aurait progressé de 25%, selon des documents internes », affirme un membre de la CFDT Togo.
Et les autres rémunérations ?
Le flou persiste aussi sur :
- Les heures supplémentaires : Missions à l’étranger, discours hors calendrier.
- Le salaire annuel brut : Des indemnités de fin d’année équivalentes à 3 mois de salaire ?
- Les avantages en nature : Véhicules, staff domestique, résidences (estimés à 500 millions FCFA/an par TogoLeaks).
Transparence vs secret : L’exemple du Sénégal
Le Sénégal, où le salaire brut du président Bassirou Diomaye Faye est public (4,8 millions FCFA), montre qu’une convention collective politique est possible. Au Togo, le secteur d’activité « présidence » échappe toujours aux règles de calcul du salaire appliquées aux fonctionnaires.
Pour un débat sur les grilles salariales
Alors que 70% des Togolais travaillent sans contrat de travail écrit, l’opacité sur la rémunération présidentielle symbolise les inégalités. En 2025, la société civile exige :
- La publication du bulletin de paie du président.
- Un calcul transparent intégrant brut, net et charges patronales.
- Un salaire minimum interprofessionnel revalorisé.
« Si son salaire est justifié, qu’il le prouve par des chiffres bruts et des prélèvements clairs », lance Akouvi Dogbé.