Aamron sur France 24 après sa libération : « Je refuse de garder le silence »

Aamron sur France 24 : "Ce n'est pas le président qui a donné l'ordre que je sois interpellé"
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Le 06 juillet 2025, Aamron, le rappeur et activiste togolais, a pris la parole sur France 24 après sa libération le 21 juin 2025. Dans cet entretien exclusif avec Emmanuel Sodi, il revient sur les événements de son arrestation, les traitements subis en hôpital psychiatrique, et l’ampleur de la mobilisation citoyenne qui a suivi son interpellation.

Lors de cet entretien, il a expliqué sa démarche personnelle qui l’a conduit à se sacrifier pour réveiller la conscience du peuple togolais. Bien qu’il ait reconnu qu’il ne s’attendait pas à une telle mobilisation, il a exprimé sa satisfaction de voir que ses sacrifices avaient porté des fruits et qu’ils avaient contribué à réveiller les consciences.

« Je savais que le fait d’avoir été la voix des sans voix, ce que je disais n’était pas nouveau dans notre pays. Beaucoup de personnes le pensaient mais n’avaient pas le courage de le dire. Moi, j’ai voulu me sacrifier pour créer un électrochoc, un déclic pour libérer la parole. »

Sur France 24, Aamron a également précisé que sa décision d’agir de manière aussi radicale était motivée par l’injustice et le silence complice auquel il était témoin dans son pays. Il décrit ce geste comme une manière de dénoncer l’immobilisme face à l’oppression et de donner une chance à la justice et à la liberté de se manifester.

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Les conditions de son internement : un traitement inhumain

L’artiste n’a pas manqué de revenir sur les conditions de son internement forcé au centre psychiatrique de Zébé. Selon lui, dès les premiers jours, il a subi un traitement sévère, recevant des injections et des sérums qui l’ont complètement désorienté.

« Les deux premiers jours, je recevais des injections et des sérums, on me faisait prendre des comprimés, et j’avais perdu un peu le sens de la réalité. Après, ils ont stoppé les injections et les sérums, et les traitements sont devenus plus doux. »

Ce traitement, selon lui, était destiné à le briser moralement et à le faire perdre son libre arbitre. Cependant, il précise que la situation a évolué, mais il reste méfiant sur le fait que ses actions passées pourraient être utilisées contre lui à l’avenir, notamment avec la surveillance psychiatrique imposée à sa libération.

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Les menaces de violence et la surveillance constante

Avant l’interview, le rappeur avait également fait d’autres révélations choquantes. Il a révélé que depuis sa libération, il vit dans un état constant de peur. Selon lui, les personnes qui l’ont torturé lui ont menacé de représailles si jamais il parlait de ce qu’il a vécu. Il a ajouté : « Si jamais j’en parle, je devrais dormir avec un œil ouvert et surveiller mes arrières, car ils reviendraient me chercher.« 

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Il a également fait part de sa crainte pour sa famille, car des individus se sont retrouvés devant son domicile de manière régulière, semblant le surveiller, ce qui crée un climat de psychose chez ses proches, notamment ses enfants.

En plus de la surveillance constante, Aamron a expliqué que ses outils de travail lui avaient été confisqués, notamment ses portables et son ordinateur, emportés lors de la perquisition chez lui. Il n’a plus accès à ses comptes personnelssur les réseaux sociaux.

« Je n’ai plus accès à mon portable, mon outil de travail. Je n’ai pas accès à Facebook, Instagram, WhatsApp… Je n’ai que l’accès à TikTok. »

Pour pallier ces restrictions, Aamron a annoncé son intention de créer de nouveaux comptes sur TikTok, Facebook, Instagram, et Twitter, en se basant sur de nouveaux numéros de téléphone. Il a insisté sur l’importance de partager ces informations largement pour maintenir la mobilisation et la visibilité de ses actions.