Ve République du Togo : L’opposition dénonce une « prise de pouvoir monarchique »

L’opposition politique et les dirigeants de la société civile togolaise ont vivement condamné la transition du pays vers une Ve République. Elle la qualifie de « dérive monarchique » visant à consolider l’emprise du président Faure Gnassingbé sur le pouvoir.

Cette réaction fait suite à la nomination controversée de Gnassingbé à la présidence du Conseil des ministres et à l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové comme président de la République. Ces mesures, selon les critiques, sapent les garanties démocratiques.

Une « trahison de la patrie »

Lors d’un rassemblement enflammé organisé dimanche à Akassimé (Lomé), des groupes de la coalition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et Novation Internationale, ont dénoncé les changements institutionnels comme un « coup d’État anticonstitutionnel ».

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« Les événements du 3 mai constituent une haute trahison envers le peuple togolais », ont déclaré les dirigeants de l’opposition dans un communiqué commun. « Il ne s’agit pas de réformes, mais de l’imposition d’un pouvoir par un seul homme sous une fausse république. »

Pouvoir sans mandat

Au cœur de l’indignation se trouve le nouveau rôle de Gnassingbé à la tête du gouvernement, un poste qu’il a assumé sans mandat électoral direct. Les opposants affirment que cette décision, rendue possible par une révision constitutionnelle contestée de 2024, concentre de fait tous les pouvoirs exécutifs entre ses mains, réduisant la présidence à un rôle protocolaire.

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La nomination de Jean-Lucien Savi de Tové, 86 ans, à la présidence a alimenté les accusations de transition bidon, ses détracteurs la qualifiant de manœuvre d’approbation automatique visant à légitimer l’autorité de Gnassingbé.

« Cette mise en scène parlementaire est une farce », a déclaré le leader de l’ANC Jean-Pierre Fabre. « La voix du peuple a été étouffée, et le pouvoir appartient désormais uniquement à un dirigeant non élu. »

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Invoquant l’article 150 de la défunte Constitution togolaise de 1992 – qui autorisait la résistance contre les prises de pouvoir inconstitutionnelles –, des figures de l’opposition ont appelé à la mobilisation nationale, appelant les syndicats, les mouvements de jeunesse et la diaspora à rejeter ce qu’ils qualifiaient de crime contre la nation.

La coalition a également appelé la communauté internationale à condamner ce changement de pouvoir, établissant un parallèle avec la crise politique de 2005, lorsque la pression internationale a contraint le régime de Gnassingbé à faire des concessions.