La nomination de Jean-Lucien Savi de Tové à la présidence de la République par le parti au pouvoir, l’Unir, a bouleversé le paysage politique togolais.
Loin d’être une nomination partisane de routine, cette décision représente une avancée calculée vers la réconciliation nationale et la réforme institutionnelle sous la Ve République.
Une rupture stratégique avec la tradition
La nomination de Savi de Tové rompt avec la politique conventionnelle sur plusieurs points essentiels. Contrairement aux présidents précédents, il n’est pas membre du parti au pouvoir, l’Unir, mais est issu de la Convergence patriotique panafricaine (CPP), un groupe d’opposition historique.
Sa sélection a été rendue possible par l’article 35 de la nouvelle Constitution, qui autorise les groupes parlementaires à présenter des candidats extérieurs à leurs rangs, y compris des personnalités de l’opposition ou de la société civile.
Cette disposition marque un changement significatif par rapport à l’hyper-présidentialisme qui caractérisait la Quatrième République du Togo. Par ricochet, cela ouvre la voie à un système politique plus inclusif et équilibré.
Un geste d’unité nationale
En approuvant Jean-Lucien Savi de Tové, ancien chef de l’opposition et ancien ministre, le Congrès dominé par l’Unir a tendu la main à ses adversaires politiques. Les analystes voient cette initiative comme une tentative de apaiser des divisions de longue date et de favoriser la collaboration au sein de la nouvelle république.
Cette nomination crée plusieurs précédents. La présidence n’est plus réservée aux fidèles du parti au pouvoir. Les pouvoirs exécutifs étant désormais confiés au Président du Conseil des ministres, la présidence assume un rôle plus cérémoniel, empêchant une concentration excessive du pouvoir. Cette initiative pourrait encourager une plus large participation des dissidents à la gouvernance.
Si certains restent sceptiques, qualifiant cela de changement superficiel, d’autres y voient un réel potentiel pour un nouvel dialogue politique.