Togo : Le Sénat est enfin complet, que va-t-il se passer maintenant ?

Le Sénat togolais, deuxième chambre du Parlement, est désormais au complet. Après l’élection de 41 sénateurs par les élus locaux lors des premières élections sénatoriales du 15 février 2025, le président Faure Gnassingbé a procédé, par décret présidentiel en date du 5 mars, à la nomination des 20 derniers membres.
Une chambre dominée par le pouvoir
Le scrutin sénatorial a été largement dominé par le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), qui a raflé 34 des 41 sièges en jeu. Les sénateurs élus sont répartis ainsi : 10 pour la région Maritime, 12 pour les Plateaux, 5 pour la Centrale, 7 pour Kara et 7 pour les Savanes.
Les 20 sénateurs nommés par le chef de l’État viennent compléter l’effectif. Parmi eux, on retrouve des figures politiques de divers horizons, d’anciens députés et hauts responsables, dont des personnalités connues comme Kokou Joseph Koffigoh, ancien Premier ministre, et Bernadette Balouki-Leguezim, ancienne ministre. La liste comprend également Tchassona Traoré Mouhamed, une figure bien connue du paysage politique togolais.
Quels sont les prochains enjeux ?
Avec un Sénat désormais opérationnel, plusieurs étapes institutionnelles sont attendues. Les sénateurs doivent prêter serment avant d’élire leur président, qui jouera un rôle clé dans le nouvel équilibre des pouvoirs. La désignation du président du Conseil des ministres est également à venir, tout comme celle du président de la République, qui occupera désormais une fonction essentiellement honorifique.
Dans ce nouveau système parlementaire, le pouvoir exécutif sera confié au président du Conseil, issu de la majorité à l’Assemblée nationale. UNIR, qui domine largement les deux chambres, est donc en position de force pour imposer son candidat.
D’ailleurs, le Sénat togolais a tenu sa séance inaugurale, ce jeudi 6 mars 2025, au Palais des Congrès de Lomé. Cette séance, convoquée par le doyen d’âge du Sénat, a réuni l’ensemble des 61 sénateurs, dont les 20 récemment nommés par le président Faure Gnassingbé. Ce rassemblement marque l’entrée en fonction officielle du Sénat, parachevant la structure bicamérale du Parlement togolais.
Une réforme controversée
Si cette avancée institutionnelle marque un tournant pour le pays, elle est loin de faire l’unanimité. L’opposition, représentée par des partis comme l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), rejette en bloc la nouvelle Constitution, qualifiée de « coup d’État constitutionnel« .
Ces formations, qui ont boycotté les élections sénatoriales, estiment que le Sénat est une institution coûteuse, imposée aux contribuables sans réel bénéfice pour la population. Pour elles, il ne s’agit que d’un moyen de récompenser les fidèles du régime et de permettre à Faure Gnassingbé de garder le contrôle du pays, après vingt ans à la tête de l’État et une dynastie familiale de 58 ans.
Selon l’opposition, le véritable besoin des Togolais n’est pas la création d’une nouvelle chambre parlementaire, mais une gouvernance transparente et une alternance démocratique. Reste à voir comment ce nouveau Sénat exercera son rôle et quel impact il aura sur l’avenir politique du pays.
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