Une cérémonie commémorative solennelle organisée par des groupes d’opposition togolais et des organisations de la société civile a dégénéré mardi. Des forces de sécurité sont intervenues pour empêcher une marche silencieuse et une cérémonie de dépôt de gerbes sur la lagune de Bè-Houvémé.
Ce rassemblement est destiné à honorer les victimes dont les corps ont été récemment repêchés dans les eaux de la lagune. Depuis quelques heures, cette activité est devenue le dernier point de tension dans l’escalade des tensions politiques à Lomé.
Affrontements au bord de la lagune de Bè
Après l’interdiction par les autorités de l’hommage initialement prévu le 14 juillet, les organisateurs ont reporté la date à mardi, dernier jour de la campagne électorale municipale. À peine les participants avaient-ils entamé leur procession silencieuse que des agents de sécurité non identifiés, certains cagoulés, sont arrivés à bord de véhicules banalisés.
Des témoins ont rapporté que les agents ont exigé une dispersion immédiate et ont même tenté de confisquer des gerbes commémoratives.
« Les partis politiques ont suspendu leur campagne pour rendre hommage aux victimes. Mais comme vous l’avez vu, cela n’a pas été facile. Certains agents de sécurité n’étaient pas identifiables, ce qui interroge sur leur affiliation », a déclaré le professeur David Dosseh, du Front citoyen Togo Debout.
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Malgré cette intervention, les organisateurs ont réussi à rendre un hommage symbolique avant de se disperser pour éviter les violences.
L’événement a attiré d’éminentes personnalités de l’opposition, dont le président de l’ANC, Jean-Pierre Fabre, et le coordinateur de la DMP, Targone Sambiri N’Wakim, amplifiant ainsi sa résonance politique. Leur participation a transformé ce qui n’était au départ qu’une simple commémoration civique en une puissante manifestation de dissidence, à seulement 48 heures des élections municipales cruciales.
L’incident a relancé le débat sur la transparence du gouvernement concernant les décès survenus dans la lagune, dont les groupes de la société civile contestent les explications officielles. « Ce n’est pas la fin. Nous continuerons à exiger vérité et justice pour ces victimes », a promis le professeur Dosseh, laissant entrevoir des actions futures.
Cet affrontement a creusé la polarisation à Lomé, alors que les électeurs se préparent à se rendre aux urnes. Les tragédies de la lagune de Bè symbolise désormais des revendications plus larges concernant la responsabilité et les libertés civiles.