Dans un entretien exclusif accordé au journal Le Point, Gilbert Bawara, ministre de la Réforme, du Service public, du Travail et du Dialogue social, revient sur les événements qui ont secoué le Togo en juin dernier, le climat politique actuel et les actions du Président du Conseil, Faure Gnassingbé face à la crise.
Dans son entretien, le ministre a insisté sur l’écoute active du Président du Conseil, Faure Gnassingbé, qui selon lui, est attentif aux préoccupations de la population. Il a souligné que toutes les idées et préoccupations exprimées par les citoyens nourrissent la réflexion du président et l’aident à prendre les décisions nécessaires pour l’avenir du pays.
« Le président du Conseil est un homme d’écoute. Il est pleinement attentif face à tout ce que nos concitoyens expriment. Toutes les préoccupations et les idées nourrissent sa réflexion et l’aideront sûrement dans ses décisions et dans son action« , a déclaré Gilbert Bawara.
Il a également mentionné que les autorités togolaises sont bien conscientes des tensions, mais a rappelé que le gouvernement doit aussi agir dans un cadre de gouvernance collective, à l’écart des réactions émotionnelles dictées par les événements immédiats. Une gouvernance collective, qui est un des résultats attendus de la réforme constitutionnelle de 2024, vise à instaurer un calendrier électoral rationalisé et à permettre au pays de se concentrer sur les projets de développement à long terme.
Le silence des hautes autorités : une décision stratégique ?
Interrogé sur le silence des plus hautes autorités depuis le début de la crise, Bawara a justifié l’absence de prise de parole publique par le besoin d’éviter la personnalisation du pouvoir. Selon lui, l’objectif avec le régime parlementaire instauré est de promouvoir une gouvernance collective.
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Il a insisté sur le fait que le « président Faure Gnassingbé n’a pas besoin de s’exprimer médiatiquement de manière intempestive » pour donner les orientations nécessaires à la gestion du pays. Le gouvernement continue de fonctionner, notamment dans le cadre des affaires courantes, avec des ministres qui sont toujours en poste et qui poursuivent leur travail quotidien.
Le gouvernement démissionnaire : qui dirige le pays ?
Le ministre a répondu aux questions sur la démission du gouvernement et le rôle du président du Conseil dans cette période. Selon lui, la démission du gouvernement est conforme à la Constitution. Il a rappelé qu’une fois le président du Conseil investi, il était nécessaire que la Première ministre et son gouvernement démissionnent avant que le président du Conseil n’entre officiellement en fonction.
« La démission du gouvernement est conforme à la Constitution. À partir du moment où le président du Conseil est le chef du gouvernement, sa prestation de serment et son entrée en fonction devaient être précédées impérativement de la démission de la Première ministre et de son gouvernement. Mais les ministres restent en fonction et gèrent valablement les affaires dites courantes. Ce n’est pas une situation inédite et extraordinaire. Regardez les expériences et les précédents ailleurs dans le monde, notamment en France ou en Belgique. Ce dernier pays a connu plus de 400 jours avec un gouvernement en affaires courantes« , a répondu Bawara.
L’entretien a également abordé la disparition d’Aamron, le rappeur togolais qui a été introuvable entre le 26 mai et le 21 juin 2025. Gilbert Bawara a rejeté le terme de disparition forcée, le qualifiant plutôt d’interpellation, une démarche qui, selon lui, n’a jamais été arbitraire. Il a affirmé que les proches d’Aamron ont eu constamment accès à lui, depuis son arrestation jusqu’à son retour chez lui. Il a ajouté qu’il ne disposait pas des détails précis sur les conditions de son interpellation et n’accordait pas de crédibilité aux allégations entendues à ce sujet.