Togo, le nouveau hub de l’entrepreneuriat ? Les clés pour lancer sa micro-entreprise en 2025

Togo, le nouveau hub de l'entrepreneuriat ? Les clés pour lancer sa micro-entreprise en 2025

En 2025, lancer sa micro-entreprise au Togo apparaît comme une opportunité stratégique pour de nombreux porteurs de projets. Loin de l’image d’une économie en progression lente, le pays s’affirme comme un acteur majeur de l’entrepreneuriat en Afrique de l’Ouest.

Avec près de 15 000 nouvelles entreprises créées en 2024, selon le Centre de Formalités des Entreprises (CFE), le dynamisme togolais témoigne d’un marché en pleine expansion, d’une administration en voie de digitalisation et d’une jeunesse résolument inventive.

Malgré un contexte marqué par une transition budgétaire et une dette publique élevée (72,1 % du PIB), le maintien d’un tel niveau de créations d’entreprises reste remarquable. Pour les primo-entrepreneurs disposant de ressources limitées, le Togo offre en 2025 un cadre propice pour concrétiser un projet entrepreneurial avec peu de capital et des démarches simplifiées.

Cet article vous guide à travers les tendances, les secteurs porteurs et les dispositifs de soutien qui font du Togo un véritable tremplin pour réussir à lancer sa micro-entreprise.

La simplification administrative : le pari gagnant du Togo

L’un des principaux freins à l’entrepreneuriat a toujours été la complexité et le coût des démarches administratives. Le Togo a relevé ce défi en faisant de la simplification un axe majeur de sa politique de développement. Ce pari a non seulement fluidifié le processus de création, mais a aussi envoyé un signal fort aux investisseurs et aux acteurs de l’économie informelle.

Le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) : un guichet unique numérisé

Le CFE est l’institution pivot de cette transformation. Conçu comme une « porte d’entrée unique » pour toutes les démarches, il regroupe l’ensemble des administrations et des organismes impliqués dans le processus. L’atout majeur réside dans la digitalisation complète de la procédure : il est désormais possible de créer son entreprise en ligne via le site  

cfetogo.tg en moins de quatre heures. Cette performance a valu au Togo d’être classé parmi les 10 meilleurs réformateurs mondiaux du rapport Doing Business de la Banque Mondiale , une reconnaissance internationale de l’efficacité de ses réformes.  

Démarches et coûts en 2025 : le guide pratique

Le processus de formalisation a été repensé pour être accessible à tous. La procédure est 100 % en ligne , incluant le paiement qui peut se faire via T-Money, Flooz, ou par carte bancaire (Visa et Mastercard). Cette innovation a permis de réduire drastiquement les coûts, tombés de près de 200 000 FCFA à des montants standardisés et bien plus accessibles. De plus, les frais de timbre ont été supprimés , allégeant ainsi un fardeau financier qui décourageait de nombreux entrepreneurs.  

Pour une clarté maximale, voici un aperçu des frais de création d’entreprise en 2025, qui permettent d’obtenir une carte unique regroupant le Numéro RCCM (Registre du Commerce et du Crédit Mobilier), le NIF (Numéro d’Identification Fiscal) et le numéro d’affiliation à la CNSS.  

Forme juridiqueRessortissants togolais et CEDEAORessortissants hors zone CEDEAO
Entreprise Individuelle25 400 FCFA  30 400 FCFA  
SARL Unipersonnelle / SARL28 250 FCFA  33 250 FCFA  

Cette politique va bien au-delà de la simple bureaucratie. En réduisant le coût et la complexité des formalités, le gouvernement togolais encourage activement la transition de l’économie informelle vers le secteur formel. Un coût élevé et des démarches fastidieuses constituent des barrières qui incitent de nombreux acteurs à rester dans l’ombre. En les levant, l’État ne se contente pas de simplifier l’accès à l’entreprenariat ; il crée un cercle vertueux. Les entrepreneurs formalisés bénéficient d’une protection juridique, accèdent plus facilement au financement et contribuent à l’élargissement de l’assiette fiscale, renforçant ainsi la capacité du pays à financer ses propres politiques de développement. C’est une stratégie de croissance inclusive, où la facilitation administrative devient un levier de transformation économique.  

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Des secteurs d’avenir : naviguer vers la croissance

Le choix du secteur d’activité est crucial pour la pérennité d’une micro-entreprise. Au Togo, plusieurs domaines porteurs, alignés sur les grandes orientations stratégiques du pays, offrent des opportunités de croissance significatives.

Le digital, un eldorado à faible barrière d’entrée

L’économie numérique togolaise est en plein essor, soutenue par une adoption massive du mobile money et un taux d’inclusion financière élevé, atteignant 87 % en 2022. Cet environnement fertile a donné naissance à une multitude d’opportunités, en particulier pour les entrepreneurs disposant d’un budget limité. La « Semaine du e-commerce 2024 » à Lomé a mis en lumière un écosystème en pleine effervescence. Des niches comme la vente via les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp) ou les plateformes locales comme Afribaba connaissent une croissance exponentielle, boostée par le mobile money.  

Au-delà de l’e-commerce, d’autres activités numériques se révèlent particulièrement rentables. La demande de rédaction web et de création de contenu pour des blogs ou des fiches produits ne cesse de croître , tout comme le besoin de community managers pour gérer la visibilité en ligne des PME locales. Le secteur de la formation en ligne offre également des perspectives prometteuses, permettant de monétiser des compétences en tutorat scolaire, en langues ou en formation professionnelle grâce aux outils numériques.  

L’agro-industrie : de la terre à l’exportation et à la valeur ajoutée

Historiquement et économiquement, le secteur agricole est d’une importance capitale, employant près de 65 % de la population active. Le pays, autrefois perçu comme une économie de subsistance, opère une mutation stratégique. Il s’est déjà positionné comme un exportateur de premier plan de soja biologique vers l’Union européenne. L’opportunité stratégique pour les entrepreneurs ne réside pas seulement dans la production de matières premières, mais dans leur transformation locale. À l’heure actuelle, la majorité des produits agricoles togolais sont exportés sous forme brute. L’enjeu est de créer de la valeur ajoutée en transformant des produits comme le moringa, le fonio ou le baobab en produits finis prêts à l’exportation.  

Le secteur de l’agritech, qui fusionne agriculture et technologie, est également en plein essor. Des startups togolaises testent déjà l’usage de drones pour la cartographie des sols ou des systèmes d’irrigation connectés. Des plateformes numériques facilitent l’achat groupé d’engrais et la mise en relation entre producteurs et coopératives. Cette convergence montre comment la dépendance historique de l’économie togolaise à l’agriculture se transforme en un avantage compétitif stratégique. La diversification économique ne signifie pas l’abandon de l’agriculture, mais plutôt sa valorisation par la technologie et la transformation industrielle, créant ainsi des emplois productifs le long de toute la chaîne de valeur.  

Autres niches à fort potentiel

Le dynamisme entrepreneurial du Togo ne se limite pas aux secteurs traditionnels. Le pays mise également sur de nouvelles filières, créant ainsi de nouvelles opportunités pour les entrepreneurs. L’économie verte est en forte croissance, avec des initiatives axées sur le recyclage et les technologies propres, soutenues par des financements internationaux. Le secteur des services et du BTP, historiquement dense, est lui aussi en pleine modernisation. Des plateformes comme Edole Africa ont par exemple réussi à « ubériser » le secteur de la construction en mettant en relation les travailleurs qualifiés, les propriétaires d’équipements et les entrepreneurs, optimisant ainsi les ressources et l’accès au marché.  

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Un écosystème au service des entrepreneurs : aides et accompagnement

L’État togolais ne se contente pas de simplifier les procédures ; il a mis en place un écosystème complet pour soutenir les jeunes entrepreneurs à chaque étape de leur parcours. Ces dispositifs sont d’autant plus cruciaux que l’accès au financement reste un obstacle majeur au développement du secteur privé, comme le soulignent les rapports de la Banque Mondiale.  

Le Fonds d’Appui aux Initiatives Économiques des Jeunes (FAIEJ)

Le FAIEJ est la pierre angulaire de ce dispositif. Il offre aux jeunes togolais de 18 à 35 ans une gamme de services allant de la formation au financement. Il accompagne les porteurs de projets à acquérir des compétences techniques, à élaborer un plan d’affaires et à obtenir des financements adaptés. Son produit phare, le « Crédit Jeune Entrepreneur », propose des prêts à un taux d’intérêt bonifié de 4,5 %. Le Fonds privilégie les projets qui créent des emplois et ont un impact positif sur l’économie. L’existence de cette structure envoie un signal fort : l’État s’engage activement à réduire le risque entrepreneurial et à combler le vide laissé par le système financier classique pour les primo-entrepreneurs.  

Les politiques publiques : un plan de développement stratégique

Les aides publiques s’inscrivent dans une vision stratégique plus large, formalisée par des documents officiels. Le Plan National de Développement (PND) 2018-2022 a jeté les bases d’une croissance économique pérenne en ciblant trois axes stratégiques : le développement d’un hub logistique, la transformation agricole et manufacturière, et le renforcement du développement social. La Feuille de Route Gouvernementale Togo 2025 (FRG), qui prolonge cette dynamique, a permis d’ajuster les objectifs aux nouveaux contextes économiques et sociaux. En soutenant l’écosystème entrepreneurial, des partenaires comme l’Union Européenne renforcent la crédibilité de ces politiques et attirent les investissements privés, favorisant ainsi une croissance plus durable et diversifiée.  

La Zone Franche Industrielle : un tremplin pour l’export

Pour les activités tournées vers les marchés internationaux, le Togo dispose d’un atout exceptionnel : la Zone Franche Industrielle. Ce statut permet aux entreprises d’exercer dans un environnement fiscal et douanier particulièrement avantageux, à condition de garantir l’exportation de la totalité de leur production. Les avantages sont nombreux : exonération des droits et taxes de douane sur l’importation de matériels, de matières premières et sur les exportations des produits finis, ainsi qu’une exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) pendant les 10 premières années. Le taux d’impôt sur les sociétés (IS) est également stabilisé à un taux réduit de 5 % pendant les 5 premières années. Ces incitations font de la Zone Franche un véritable tremplin pour les entreprises togolaises souhaitant se développer à l’échelle régionale et internationale.  

La preuve par l’exemple : portraits de succès togolais

Au-delà des chiffres et des politiques, l’entrepreneuriat togolais est incarné par des figures inspirantes. Ces portraits montrent un changement de paradigme, où les nouvelles générations d’entrepreneurs ne se contentent plus de chercher le profit, mais intègrent l’impact social et environnemental au cœur de leur modèle d’affaires.

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Gado Bemah, du recyclage à l’innovation sociale

Gado Bemah, fondateur de Green Industry Plast-Togo, est un exemple emblématique de cette nouvelle vague. Son entreprise, lauréate du prestigieux Afri-Plastics Challenge 2023 , a développé un modèle économique à la fois rentable et bénéfique pour la communauté. Son innovation consiste à collecter et recycler les déchets plastiques pour les transformer en briques et en dalles. Mais l’impact ne s’arrête pas là. Gado Bemah a intégré une puissante dimension sociale en recrutant et en formant des femmes démunies et des jeunes déscolarisés pour les activités de tri et de réutilisation. Ce modèle répond à un double enjeu national : la gestion des déchets et la création d’emplois pour les populations vulnérables.  

Adamas Koudou, du kinkéliba au coaching stratégique

Le parcours d’Adamas Koudou illustre la fluidité des identités professionnelles de la nouvelle génération. Connu initialement comme « Monsieur Kinkéliba », le promoteur de l’entreprise Natuthé qui valorise la plante de kinkéliba en infusions modernes , il a depuis étendu son activité pour devenir un coach et mentor reconnu. Dans ses propres mots, son objectif est de dépasser la simple production pour embrasser un « projet de vie » et aider les jeunes à penser globalement. Son évolution symbolise le passage d’une vision de l’entrepreneuriat centrée sur la vente à une approche plus holistique, intégrant le développement personnel et la transmission du savoir. Il représente parfaitement la figure de l’entrepreneur moderne, qui se veut à la fois créateur de richesse et agent du changement social.  

Ramdane Otou et Edole Africa : l’innovation dans le BTP

Ramdane Otou a « ubérisé » un secteur aussi traditionnel que le BTP, en créant la plateforme Edole Africa. Cette solution numérique met en relation les entrepreneurs de la construction avec des travailleurs qualifiés et des propriétaires d’équipements. Au-delà de l’innovation technologique, le nom même de la startup, « Edolé Africa », porte une forte charge symbolique. En langue Ewé, il signifie « Il y a du travail en Afrique », une puissante déclaration de mission qui traduit une approche proactive face au chômage et au sous-emploi. Ce modèle montre que l’innovation n’est pas l’apanage des secteurs de pointe, mais qu’elle peut transformer et optimiser des industries existantes, créant ainsi des opportunités là où on ne les attend pas.  

Un pari audacieux sur l’avenir

Créer une micro-entreprise au Togo en 2025 n’a jamais été aussi simple et accessible. Le pays a su transformer ses défis en leviers de croissance. La simplification des démarches administratives, la création d’un écosystème de soutien robuste, les opportunités réelles dans des secteurs d’avenir, et l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs engagés, positionnent le Togo comme un pôle entrepreneurial majeur en Afrique de l’Ouest.

La légère fluctuation des statistiques de création d’entreprises ne doit pas masquer la tendance de fond : l’État a posé des bases solides pour une croissance durable en favorisant l’inclusion et la formalisation. Le dynamisme est palpable, et les entrepreneurs de 2025 ne sont pas de simples créateurs d’entreprises ; ils sont les bâtisseurs d’un renouveau économique et social. Le moment d’oser se lancer, d’innover et de contribuer au développement du pays est plus que jamais propice.