Dans les hôpitaux togolais, les professionnels de santé sont confrontés à un défi éthique déchirant lorsque des patients refusent des transfusions sanguines vitales pour des raisons religieuses. Si la plupart des chrétiens togolais acceptent les interventions médicales, les Témoins de Jéhovah et certains groupes évangéliques considèrent les transfusions sanguines comme interdites par les Écritures, même au prix de leur vie.
Le groupe le plus important au Togo qui rejette les transfusions sanguines est celui des Témoins de Jéhovah. Ils sont connus pour leur évangélisation de porte-à-porte, leur mode de vie sain et leur stricte adhésion aux Écritures.
Il est important de noter que la majorité des confessions chrétiennes togolaises, notamment les catholiques, les anglicans, les baptistes et la plupart des pentecôtistes, ne rejettent pas les transfusions sanguines et n’y voient aucun conflit avec leur foi.
Pourquoi refuser une transfusion sanguine ?
Pour ces chrétiens, le rejet de la transfusion sanguine est ancré dans l’interprétation biblique. Les versets les plus fréquemment cités sont :
« …tu ne mangeras pas de sang. » Lévitique 17:10
« …abstiens-toi du sang. » Actes 15:29
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Pour de nombreux chrétiens traditionnels, ces versets sont symboliques ou diététiques. Mais pour des groupes comme les Témoins de Jéhovah, ils sont pris au pied de la lettre. Ils croient qu’accepter du sang, que ce soit par la bouche ou par voie intraveineuse, est une désobéissance à Dieu.
Pour eux, le sang est sacré, il représente la vie elle-même. Recevoir le sang d’autrui est perçu comme une violation du commandement de Dieu de se garder « pur » à ses yeux. Même en cas d’urgence, on leur apprend à faire confiance à la volonté de Dieu, même si cela implique La mort.
La corde raide juridique du Togo
En droit togolais, le refus de transfusion sanguine est un sujet complexe, encadré par des principes d’autonomie du patient et de nécessité médicale. Bien que la loi togolaise reconnaisse le droit du patient de refuser des soins, y compris la transfusion, il existe des exceptions en cas d’urgence vitale où le médecin peut être amené à outrepasser ce refus pour sauver la vie du patient.
Le droit togolais présente donc un cadre juridique complexe, conciliant droits des patients et éthique médicale :
- Exigences de consentement : Les patients doivent donner leur consentement éclairé pour les procédures, y compris le droit de refuser les transfusions.
- Exceptions d’urgence : Les médecins peuvent passer outre les refus en cas de danger vital.
- Exigences de documentation : Les médecins doivent consigner minutieusement les discussions relatives au refus.
- Protections des mineurs : Les tuteurs ne peuvent refuser des soins vitaux aux enfants.
La loi place les médecins dans une situation délicate : ils doivent respecter la liberté religieuse tout en respectant leur serment d’Hippocrate. De nombreux hôpitaux forment désormais leur personnel aux alternatives transfusionnelles, spécifiquement pour ces cas.
Les alternatives médicales pour ls témoins de Jéhovah
Les communautés des Témoins de Jéhovah peuvent collaborer avec les médecins pour identifier des traitements acceptables :
- Expanseurs volémiques : solutions salines pour maintenir la tension artérielle
- Récupération cellulaire : recyclage du sang du patient pendant une intervention chirurgicale
- Médicaments hémostimulants : comme l’érythropoïétine (EPO) pour stimuler la production de globules rouges
- Produits fractionnés : utilisation de composants sanguins isolés comme l’albumine
Ainsi, même s’ils refusent le sang total, ils optent souvent pour des thérapies alternatives conformes à leur interprétation des Écritures.
Pour les médecins togolais, chaque cas est un calcul déchirant : à quel moment le respect des croyances devient-il une complicité dans une mort évitable ? La réponse reste aussi floue que le sang au cœur de la controverse.