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Corruption présumée au Togo et en Guinée : Bolloré rattrapé par la justice française

Corruption présumée au Togo et en Guinée : Bolloré rattrapé par la justice française

La Cour d’appel de Paris a confirmé, jeudi 6 novembre, l’essentiel de la procédure judiciaire visant l’industriel français Vincent Bolloré, poursuivi pour corruption d’agent public étranger dans l’attribution des concessions portuaires de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée) entre 2009 et 2011.

Selon des sources proches du dossier, la cour a validé le réquisitoire du Parquet national financier (PNF), tout en supprimant certaines pièces jugées litigieuses.

Cette décision conforte l’accusation selon laquelle le groupe Bolloré aurait utilisé sa filiale de communication Havas (anciennement Euro RSCG) pour soutenir la campagne présidentielle de dirigeants africains, notamment Faure Gnassingbé et Alpha Condé, en échange de contrats portuaires pour Bolloré Africa Logistics.

L’affaire, ouverte en 2013, constitue l’un des volets les plus emblématiques de la lutte contre la corruption internationale impliquant des groupes français en Afrique.

En 2021, Vincent Bolloré et deux de ses collaborateurs, Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent, avaient reconnu les faits dans le cadre d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, mais le tribunal avait refusé d’homologuer cet accord, jugeant la peine insuffisante.

Depuis, l’homme d’affaires conteste la régularité de la procédure, estimant que celle-ci porte atteinte à sa présomption d’innocence. Le groupe Bolloré, qui avait déjà accepté de verser 12 millions d’euros d’amende dans le cadre d’une convention judiciaire d’intérêt public, dénonce une décision injuste.

Son avocat, Me Olivier Baratelli, a annoncé un pourvoi en cassation, dernière étape pour tenter d’annuler le processus. De leur côté, les associations Sherpa et Anticor, parties civiles dans le dossier, saluent une “victoire majeure” ouvrant la voie à un procès historique.

En juin 2024, le PNF avait requis le renvoi de Vincent Bolloré et de ses collaborateurs devant le tribunal correctionnel pour corruption active, abus de confiance et complicité. Pour les plaignants, dont les anciens candidats à la présidentielle togolaise Agbéyomé Kodjo et Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, cette affaire illustre les dérives d’une influence économique et politique démesurée.

Sauf revirement de la Cour de cassation, Vincent Bolloré devrait donc être jugé en France dans les prochains mois pour avoir profité de ses réseaux d’affaires afin d’obtenir des avantages stratégiques sur le continent africain.

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