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Présidentielle au Cameroun : la campagne s’emballe à six jours du scrutin

Présidentielle au Cameroun : la campagne s’emballe à six jours du scrutin

Au Cameroun, la campagne présidentielle entre dans sa phase finale. Ce lundi marque le début de la deuxième et dernière semaine avant le scrutin prévu le 12 octobre 2025. Après 43 ans au pouvoir, le président Paul Biya, âgé de 92 ans, vise un huitième mandat consécutif.

Face à lui, onze candidats sont en lice, dont certains, comme Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, anciens membres du gouvernement, ont décidé de se rallier.

Les candidats à l’assaut du terrain

Ce week-end, Issa Tchiroma Bakary tenait un meeting à Douala, capitale économique du pays, tandis que Joshua Osih sillonnait le Nord et Cabral Libii l’Extrême-Nord. Pour ces candidats, chaque jour compte : il ne leur reste que six jours pour parcourir le pays et convaincre les électeurs.

Le RDPC mobilisé malgré l’absence de Paul Biya

Du côté du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), la campagne se poursuit sans l’apparition publique de Paul Biya, qui reste discret depuis son dernier discours du 10 février, à l’occasion de la Fête de la Jeunesse.
Cependant, plusieurs sources au sein du parti affirment que le chef de l’État pourrait faire une apparition surprise à Maroua, dans l’Extrême-Nord, avant le jour du vote.

Elecam sous pression à l’approche du scrutin

Sur le plan logistique, Elections Cameroon (Elecam) s’affaire à finaliser les préparatifs : acheminement du matériel, déploiement des agents électoraux et publication de la liste officielle des bureaux de vote. L’institution a indiqué avoir commencé à publier sur sa page Facebook les listes régionales, après avoir rendu publiques celles des communes. Fin 2024, 30 357 bureaux de vote étaient recensés sur le territoire national et dans 44 représentations diplomatiques à l’étranger.

Mais l’opposition, notamment le Social Democratic Front (SDF) de Joshua Osih, dénonce des zones d’ombre. Son directeur de campagne, Louis Marie Kakdeu, accuse Elecam de manquer de transparence : selon lui, de nouveaux bureaux auraient été créés récemment sans que les listes ne soient communiquées aux partis. « Cela met en péril la surveillance du vote », a-t-il déclaré, exigeant la publication des listes complètes avant mardi.

Vers une trêve dans les régions anglophones

Autre développement majeur : dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, un vent d’apaisement souffle. Un leader séparatiste exilé aux États-Unis, Mark Bareta, a annoncé la suspension temporaire des opérations dites « villes mortes » du 6 au 14 octobre, afin de permettre la tenue du vote.

Cette décision fait suite aux excuses publiques d’Issa Tchiroma Bakary, prononcées à Bamenda devant ses partisans. Du haut de sa voiture, l’ancien ministre de la Communication a reconnu avoir nié « l’existence du problème anglophone » lorsqu’il était porte-parole du gouvernement, et a demandé pardon en promettant de libérer les leaders séparatistes détenus.

« Me pardonnez-vous ? », a-t-il lancé à plusieurs reprises à la foule, qui a répondu par un « oui » retentissant.

Réactions partagées après les excuses de Tchiroma

Si certains Camerounais ont salué ce geste comme un pas vers la réconciliation, d’autres y voient une manœuvre électoraliste. Auréole Tchoumi, communicant du RDPC, a qualifié les excuses d’Issa Tchiroma d’« opportunistes », estimant qu’elles visent à séduire l’électorat anglophone à quelques jours du scrutin.

Pendant ce temps, des figures politiques comme Anicet Ekane, président du Manidem, appellent à un cessez-le-feu durable pour permettre aux populations des zones anglophones de voter en toute sécurité.

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