Les forces de sécurité togolaises ont mené samedi dernier une opération d’envergure contre la production illicite d’alcool à Dapaong, dans la région des Savanes. L’intervention conjointe de la police et de la gendarmerie a permis la saisie et la destruction de plus de 11 tonnes de sodabi, un distillat de vin de palme traditionnel profondément ancré dans la culture togolaise, potentiellement mortel.
Cette répression met en lumière l’inquiétude croissante du gouvernement face à la production d’alcool non réglementée, qui continue de mettre des vies en danger dans tout le pays. Cette boisson, traditionnellement fabriquée à partir de vin de palme à huile ou de palmyre, occupe une place sacrée dans les rituels et célébrations togolais. Cet alcool puissant (généralement 45 à 70 % d’alcool) joue un rôle cérémoniel lors des mariages, des funérailles et des pratiques spirituelles, mais sa production non réglementée est devenue un tueur silencieux dans de nombreuses communautés.
Tradition culturelle vs crise de santé publique
Si la production de sodabi demeure une pratique ancestrale dans les communautés rurales, les autorités sont aux prises avec ses dangereuses variantes modernes. La récente saisie révèle comment les méthodes de distillation traditionnelles ont été compromises par des producteurs peu scrupuleux qui ajoutent des substances toxiques comme le méthanol pour augmenter la puissance et le volume. Les autorités sanitaires signalent une augmentation des cas de cécité, de défaillances d’organes et d’intoxications alcooliques liés à des lots frelatés.
L’opération de Dapaong s’inscrit dans le cadre d’une campagne nationale lancée après que plusieurs décès liés à l’alcool ont été signalés dans les préfectures du nord.