« Les pilules du lendemain sont vendues comme des petits bonbons » : Le Togo en alerte rouge

pilules du lendemain

Un double phénomène préoccupant frappe les écoles togolaises, suscitant l’alarme des autorités, des professionnels de santé et de la société civile. L’augmentation persistante des grossesses chez les élèves, couplée à une utilisation abusive et dangereuse des pilules du lendemain, révèle une crise de santé publique au sein du système éducatif, du primaire au lycée.

Lors d’une rencontre organisée par la branche togolaise du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé (REMAPSEN), des experts ont présenté des chiffres édifiants. Apoté Akpe, expert en santé reproductive, a révélé une réalité contraire aux idées reçues : ce sont les collèges (secondaire 1) qui enregistrent le plus grand nombre de grossesses.

Des chiffres alarmants à tous les niveaux

Les données exposées dessinent un tableau sombre. Pour l’année académique 2023-2024, 1 722 cas de grossesses ont été recensés dans les Collèges d’Enseignement Général (CEG), contre 1 625 l’année précédente. Bien qu’une baisse à 1 059 cas ait été notée pour la dernière année, la tendance globale reste extrêmement alarmante au vu du jeune âge des collégiennes concernées. « Contrairement aux idées reçues, ce sont les collèges qui enregistrent le plus grand nombre de grossesses », souligne l’expert.

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La situation au primaire, avec 25 cas recensés en 2023-2024, est jugée encore plus sensible et inquiétante par les experts, car elle touche des enfants. Au lycée, la courbe est également préoccupante, avec une nette progression à 985 cas en 2023-2024, contre 723 l’année d’avant.

Les pilules du Lendemain : une fausse solution devenue problème

Les spécialistes pointent du doigt un facteur aggravant majeur : la banalisation et l’usage inapproprié des contraceptifs d’urgence. Le Dr Abram Ametepe, pédiatre et spécialiste en santé publique, tire la sonnette d’alarme.

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Il déplore que ces pilules, conçues pour un usage strictement exceptionnel, soient vendues « comme des petits bonbons » aux abords des écoles et utilisées de manière répétée comme une contraception ordinaire, une pratique que le Togo n’a jamais officiellement adoptée. Cette disponibilité facile favorise une consommation abusive aux lourdes conséquences.

« Le Togo n’a jamais opté pour l’utilisation des pilules du lendemain. Pourtant c’est ce qui est vendu des plusieurs coins. Ces pilules, initialement destinées à une utilisation exceptionnelle, sont aujourd’hui utilisées de manière répétée, comme un moyen de contraception ordinaire », déclare-t-il.

Un appel urgent à la prévention et à l’éducation

Le Dr Ametepe insiste sur les risques : l’usage répété des pilules du lendemain n’est pas une solution et peut, paradoxalement, accroître les risques de grossesses non désirées, d’avortements clandestins et de complications sanitaires graves pour la santé reproductive des adolescentes.

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Face à cette crise, l’appel des experts est unanime. Il urge de renforcer l’éducation sexuelle complète dans les établissements, de mieux réguler la vente des contraceptifs d’urgence et d’engager une action publique forte. Investir dans la sensibilisation, la prévention et un accès responsable aux services de santé reproductive est une priorité absolue pour protéger la jeunesse scolaire et préserver l’avenir du pays.

Cette rencontre du REMAPSEN, tenue à la veille de la réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou, souligne également l’impact négatif de la réduction des financements internationaux dédiés à la santé sexuelle et reproductive, fragilisant davantage la lutte contre ce fléau.

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