Le salaire minimum au Togo est fixé depuis janvier 2023 à 52 500 F CFA, contre 35 000 F CFA auparavant, soit une augmentation de 50 %. Cette revalorisation du SMIG ( Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) a été saluée par les syndicats, mais la question demeure : peut-on réellement vivre avec 52 500 F CFA dans un contexte marqué par la cherté de la vie, surtout à Lomé ?
Si le salaire minimum constitue un cadre légal pour protéger les travailleurs, il reste souvent insuffisant pour couvrir les besoins essentiels des ménages togolais.
Salaire minimum au Togo : un plancher juridique plus qu’un revenu vital

Le nouveau salaire minimum a été instauré dans un contexte de forte inflation. Selon le gouvernement, il s’agit d’une mesure pour protéger le pouvoir d’achat des travailleurs. Mais dans les faits, 52 500 F CFA représentent à peine de quoi couvrir quelques postes de dépense.
À titre de comparaison, le revenu moyen mensuel au Togo est estimé à environ 150 000 F CFA, et le seuil d’un « revenu vital » pour un travailleur en zone rurale avoisine 164 000 F CFA. Le SMIG ne représente donc qu’un tiers de ce qu’il faudrait pour vivre décemment.
Coût de la vie à Lomé : un gouffre par rapport au SMIG

Le logement, première dépense impossible
À Lomé, louer une simple chambre-salon coûte entre 40 000 et 60 000 F CFA par mois. Dans certains quartiers centraux, un studio peut dépasser 100 000 F CFA. Autrement dit, un smicard ne peut même pas se loger seul avec son salaire.
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Alimentation et transport : un budget déjà dépassé
Selon la FAO, il faut environ 2 000 F CFA par jour pour accéder à une alimentation équilibrée, soit 60 000 F CFA par mois. Un montant supérieur au SMIG. Côté transport, un abonnement mensuel aux taxis-motos et bus à Lomé revient en moyenne à 30 000 F CFA.
Santé et éducation : dépenses incompressibles
Avec l’Assurance Maladie Universelle (AMU), les travailleurs cotisent désormais 5 % de leur revenu, soit 2 625 F CFA prélevés sur le SMIG. Quant à l’éducation, même si les frais de scolarité dans les écoles publiques sont faibles, les charges annexes (uniformes, fournitures) pèsent lourd pour un revenu aussi limité.
Disparités : Lomé face aux zones rurales
La situation est encore plus critique à Lomé, où le coût de la vie est largement supérieur à celui des zones rurales. À l’intérieur du pays, les ménages peuvent réduire certaines charges grâce à l’autoproduction alimentaire ou à des loyers moins élevés. Mais même en milieu rural, le SMIG reste insuffisant : le revenu de subsistance pour un ménage est estimé à près de 250 000 F CFA, soit presque cinq fois le salaire minimum actuel.
Comparaison régionale : le Togo reste en retrait

Dans la sous-région, le salaire minimum varie fortement :
- Bénin : environ 52 000 F CFA
- Côte d’Ivoire : 75 000 F CFA
- Sénégal : près de 64 000 F CFA
Si le Togo s’est rapproché de certains voisins avec sa réforme, son SMIG reste en deçà du coût réel de la vie et ne permet pas une amélioration tangible du niveau de vie des travailleurs.
Un salaire de survie, pas un salaire de vie

La conclusion est sans appel : vivre avec 52 500 F CFA au Togo est pratiquement impossible, surtout pour un ménage. Le SMIG est davantage un symbole politique et social qu’une véritable garantie de dignité économique. Les travailleurs doivent souvent cumuler plusieurs activités ou s’appuyer sur la solidarité familiale pour survivre.
Les syndicats plaident aujourd’hui pour une révision régulière du SMIG, basée non seulement sur l’inflation mais aussi sur le coût réel du panier de consommation. Pour beaucoup, le défi reste aussi la formalisation de l’économie informelle, où plus de 80 % des actifs échappent à la réglementation salariale.
Le salaire minimum au Togo fixe un plancher légal, mais il est encore loin d’assurer un niveau de vie décent. Le débat sur un « revenu vital » adapté au contexte togolais reste donc plus que jamais d’actualité.