L’ancienne ministre des Armées, Essossimna Marguerite Gnakadé, a diffusé une vidéo dans laquelle elle demande la démission de Faure Gnassingbé et appelle à une transition politique au Togo. Une prise de parole inédite qui attire l’attention depuis quelques heures.
Une sortie publique inédite
Première femme à avoir dirigé le ministère des Armées entre 2020 et 2022, Marguerite Gnakadé s’était jusqu’ici impliquée dans le débat politique avec des lettres ouvertes depuis son départ du gouvernement. Cependant, dans cette vidéo, largement relayée sur les réseaux sociaux, elle explique s’exprimer « en tant que citoyenne », reconnaissant ses liens familiaux avec la famille présidentielle, mais affirmant qu’ils ne sauraient lui interdire de prendre position.
« Garder le silence serait trahir ma conscience et le peuple togolais », a-t-elle déclaré. Elle dénonce un « système » marqué par des abus et des injustices et estime que le pays doit « écrire une nouvelle page » à travers une transition apaisée, inclusive et nationale.
Le message de Marguerite Gnakade aux forces armées
Dans sa vidéo, l’ancienne ministre a également adressé un appel direct aux forces de défense et de sécurité. Elle les exhorte à « se ranger aux côtés du peuple » pour accompagner une transition pacifique.
Pour l’heure, ni le gouvernement ni le parti UNIR n’ont réagi officiellement à cette déclaration. Mais le fait qu’une ancienne figure du gouvernement, longtemps considérée comme proche du pouvoir, demande désormais la démission de Faure Gnassingbé, confère à ce discours une portée symbolique particulière.
Marguerite Gnakadé conclut son message en insistant sur l’unité nationale : « Un seul peuple, une seule nation, un seul avenir. »
Un contexte politique tendu
Cette intervention survient alors que le Togo traverse une période politique sensible. En 2024, une réforme constitutionnelle a transformé le régime, permettant à Faure Gnassingbé de conserver le pouvoir en tant que président du Conseil des ministres. En juillet 2025, les élections municipales, largement remportées par le parti au pouvoir UNIR, ont été marquées par une forte abstention, signe d’une défiance persistante.
Parallèlement, plusieurs manifestations organisées par des collectifs citoyens, dont le mouvement M66, ont été dispersées par les forces de sécurité, provoquant des heurts et des arrestations. La suspension de médias internationaux comme RFI et France 24, accusés par les autorités de « partialité », a également accentué les tensions.