L’Ordre national des médecins du Togo a fermement condamné les mauvais traitements infligés au Dr Hounou-Adossi Ayitévi Firmin Elom, arrêté lors des manifestations du 6 juin à Lomé. Dans un communiqué du 13 juin, l’Ordre a exprimé son indignation face à ce qu’il a qualifié « d’actes de torture » pendant la détention du médecin, tout en saluant sa libération.
Le Dr Beketi Katanga Anthony, président de l’Ordre, a salué les efforts collectifs qui ont permis d’obtenir la libération du Dr Hounou-Adossi. Il a remercié ses confrères, les associations de la société civile et les institutions publiques pour leur intervention. Cependant, le communiqué a souligné de graves préoccupations concernant les violations éthiques commises pendant la détention.
L’Ordre a invoqué plusieurs codes d’éthique médicale pour appuyer sa position, notamment le Code harmonisé d’éthique médicale de la CEDEAO, qui interdit explicitement l’implication des médecins dans des actes de torture. L’article 16 de ce code régional définit la torture comme le fait d’infliger délibérément des atteintes à l’intégrité physique ou mentale afin d’extorquer des informations ou des aveux, actes qui, selon le Conseil, constituent une atteinte à la dignité humaine fondamentale.
Intégralité du communiqué de l’Ordre national des médecins du Togo
Le Conseil de l’Ordre National des Médecins du Togo remercie vivement tous les médecins pour leur mobilisation qui a abouti à la libération du Dr HOUNOU-ADOSSI Ayitévi Firmin Elom et de ses co-détenus. Cette solidarité, marque de confraternité, est à saluer et nécessite de perdurer pour la cohésion de la corporation médicale togolaise. Par la même occasion, le Conseil de l’Ordre National des Médecins du Togo remercie également toutes les institutions de la République, associations, syndicats organisations de la société civile, qui ont contribué à la libération du confrère
« Après avoir pris connaissance des circonstances et les conditions de détention de notre confrère, le Conseil estime qu’il y a des aspects regrettables qui méritent d’être dénoncés à la lumière du code harmonisé de déontologie et d’exercice des médecins de l’espace CEDEAO en son article 16 qui condamne les actes de torture : « La torture est le fait d’infliger délibérément et systématiquement des dommages physiques et/ou mentaux ou les deux à la fois, en occasionnant un préjudice par une ou plusieurs personnes agissant seule ou avec d’autres ou sur les ordres de toute autorité pour forcer ou intimider les victimes afin d’obtenir des informations, faire une confession ou autre. Ce qui est un outrage à la raison et à la dignité de la personne ».
A l’endroit des médecins
Le Conseil de l’Ordre National des Médecins du Togo rappelle à tous les médecins certains principes fondamentaux d’éthique et de déontologie internationaux et nationaux :
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- Le serment d’Hippocrate stipule Je ne permettrai pas que des considérations d’ordre religieux, national, racial, politique ou social, aillent à l’encontre de mon devoir vis-à-vis du malade. Par conséquent, nous devons agir dans le meilleur intérêt du patient en respectant les lois de l’humanité
- Le code international d’éthique médicale de l’Association Médicale Mondiale dans les devoirs généraux des médecins stipule le médecin devra agir uniquement dans l’intérêt de son patient, lorsqu’il lui procure des soins qui peuvent avoir pour conséquence un affaiblissement de sa condition physique ou mentale»,
- La déclaration de Lisbone de l’Association Médicale Mondiale sur les droits du patient, relatif au droit à la dignité du patient stipule dans son dixième paragraphe La dignité et le droit à la vie privée du patient en matière de soins comme d’enseignement seront à tout moment respectés ».
- Le code harmonisé de déontologie et d’exercice des médecins de l’espace CEDEAO en son article 15 interdit aux médecins de participer à des actes dommageables sur les personnes privées de liberté : Lorsqu’un praticien examine ou traite une personne privée de liberté, il ne peut directement ou indirectement, ne serait-ce que par sa seule présence, favoriser ou cautionner une atteinte à l’intégrité physique, mentale ou à la dignité de cette personne. Notamment, lorsqu’il s’agit des cas de torture aussi bien dans les conflits armés que dans les troubles civils».
- Le code de déontologie médicale de la République togolaise stipule en son article 14 : « Un médecin sollicité ou requis pour examiner une personne privée de liberté ou pour lui donner des soins, ne peut, directement ou indirectement, favoriser ou cautionner une atteinte physique ou mentale de cette personne ou à sa dignité ».
En définitif, chers consoeurs/confrères il faut garder à l’esprit le principe fondamental en éthique médicale et en bioéthique : « Primum non nocere » ou encore « Premièrement, ne pas nuire », qui rappelle aux professionnels de la santé de privilégier la prévention des dommages et de limiter les interventions qui pourraient être plus préjudicielles que bénéfiques.
A l’endroit de la population
Le Conseil de l’Ordre National des Médecins du Togo informe que tout acte de médecin, jugé contraire à l’éthique médicale, peut être dénoncé formellement par saisine de l’Ordre sur ses canaux officiels pour mesures à prendre
L’Ordre National des Médecins du Togo rappelle aux médecins légalement autorisés à exercer la médecine au Togo, l’obligation d’observer scrupuleusement les règles d’éthique et de déontologie médicale qui constituent la base de la pratique médicale et de la protection du patient.
Fait à Lomé, le 13 juin 2025 Pour le Conseil de l’Ordre,
Le Président
Maitre de Conférence Agrégé de Neurochirurgie