Le « syndrome de La Havane » : La Russie indexée dans une enquête internationale en faveur des espions américains

Depuis 2016, des centaines de diplomates et d’espions, notamment américains, ont signalé des maux de tête persistants ou des troubles visuels causés par des sons stridents ou des vibrations. L’origine de ces mystérieux symptômes fait débat.

Toutefois, il est important de noter que plusieurs médias internationaux ont mené une enquête journalistique de longue haleine sur ce scénario, ce qui souligne la gravité de la question. Des agents des services de renseignement russes sont responsables du « syndrome de La Havane », une maladie inhabituelle qui a touché de nombreux diplomates et espions occidentaux ces dernières années. La communauté du renseignement s’inquiète depuis un certain temps de ces « incidents de santé anormaux », certains supposant qu’ils sont causés par des « armes acoustiques » secrètes.

Les incidents ont été signalés pour la première fois à Cuba en 2016. De nombreux diplomates américains et canadiens en poste sur l’île ont ressenti une série de symptômes, notamment des bourdonnements, des migraines, des vertiges, des nausées et des troubles de la vision. Ces symptômes ont été signalés dans le monde entier à partir de l’année suivante, atteignant la Chine, l’Inde, l’Allemagne, la Pologne, la Russie et même le cœur du pouvoir américain à Washington.

Les maux de tête insupportables et les bourdonnements d’oreille sont des symptômes courants, souvent accompagnés de bruits ou de vibrations étranges.
Ces symptômes peuvent survenir juste avant ou au début de la maladie.

« Je me suis réveillé au milieu de la nuit avec des vertiges extrêmes, une migraine insoutenable et des oreilles qui sifflaient », Marc Polymeropolous, ancien agent de la CIA, a démissionné de son poste en 2022 en raison de douleurs persistantes qu’il ressent encore quotidiennement.

« J’ai entendu un son très distinct, un peu comme de l’eau qui coule », Un diplomate américain résidant en Chine a informé CBS avec assurance que sa famille présentait une série de symptômes, notamment des pertes de mémoire et des hémorragies.

Malgré quelques inexactitudes, les similitudes entre ces histoires ont été prises au sérieux. De nombreuses études et enquêtes ont été lancées pour éclaircir le mystère. En 2021, le président américain Joe Biden a d’ailleurs signé une loi visant à indemniser les victimes, dont certaines ont subi de graves lésions cérébrales. Cependant, une explication claire fait toujours défaut.

En 2018, une étude médicale commandée par le gouvernement américain a découvert une nouvelle condition clinique potentielle qui ressemble à une commotion cérébrale permanente. Cependant, il n’existe pas de lien de causalité établi entre les sons décrits et l’affection. Une autre étude publiée la même année au format PDF suggère que la source des sons pourrait être un équipement de surveillance cubain dysfonctionnel. Le Miami Herald, un journal américain, a fait état de ces résultats.

En 2022, des scientifiques ont publié un rapport (en PDF) affirmant que certains problèmes de santé pouvaient être causés par les ultrasons ou « énergie électromagnétique pulsée ». Malgré l’absence de recherche sur les effets sur l’homme, le rapport n’a pas établi de lien entre la santé des personnes touchées, leur environnement ou des facteurs psychologiques. Le Guardian a résumé le rapport en soulignant la nécessité de poursuivre les recherches sur les effets sur l’homme. Le rapport ne confirme pas si les symptômes sont dus à une coïncidence ou à une « arme acoustique » secrète.

Le physicien James Benford, spécialiste des micro-ondes de forte puissance, a déclaré dans une interview accordée à CBS que les émetteurs de micro-ondes capables d’endommager le cerveau sont étudiés depuis plus de cinquante ans et sont développés dans plusieurs pays, dont les États-Unis, la Russie et la Chine.

La Russie, et plus précisément l’unité de renseignement militaire russe 29155, est responsable du sujet. Cette unité est spécialisée dans les opérations clandestines à l’étranger, les assassinats ciblés et l’ingérence étatique, y compris l’empoisonnement de l’ancien espion russe Sergueï Skripal au Royaume-Uni en 2018.

Les trois médias disent avoir « découvert des éléments suggérant que ces incidents anormaux de santé (…) pourraient provenir de l’utilisation d’armes à énergie dirigée, maniées par des membres de l’unité 29155 » du GRU.

Selon le rapport de The Insider, les agents étaient en possession d' »armes acoustiques non létales » et étaient géolocalisés à proximité d’autres agents qui avaient ressenti des symptômes, soit juste avant, soit au moment où ils se sont manifestés.

L’année dernière, les services de renseignement américains ont définitivement conclu que les informations disponibles ne permettaient pas de prouver qu’un ennemi des États-Unis était à l’origine de près de 1 500 « incidents de santé anormaux » parmi les diplomates et les espions américains. Malgré plusieurs années d’enquête, la majorité des agences de renseignement participantes n’ont pas été en mesure de trouver des preuves concluantes permettant de relier ces symptômes à une action étrangère. Aucune puissance étrangère n’a été trouvée en possession d’une arme capable de provoquer ces troubles, selon le rapport cité par The Guardian en mars 2023.

Le rapport affirme que les études médicales qui ont conclu à la spécificité du « syndrome de La Havane » souffraient de problèmes méthodologiques et reposaient sur des hypothèses contredites par les faits. Les symptômes…

« probablement le résultat de facteurs (…) comme des problèmes préexistants, des maladies communes et des facteurs environnementaux », selon ce texte.

De nouvelles enquêtes menées par de grands médias internationaux n’ont pas modifié ce point de vue. Le porte-parole du département d’État américain a refusé de commenter directement l’enquête, mais a déclaré que la communauté du renseignement continuait de considérer comme improbable une origine étrangère.

Moscou rejette également toute implication

« Ce sujet a été gonflé dans la presse depuis plusieurs années déjà. Et depuis le début, c’est souvent associé à la Russie », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, lors d’une conférence de presse lundi 1er avril. « Personne n’a jamais publié de preuve convaincante, donc tout cela n’est rien d’autre qu’une accusation sans fondement ».

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