Dans une interview accordée à France 24 le 31 juillet 2025, Pacôme Adjourouvi, ministre togolais des Droits de l’Homme, a abordé les questions sensibles concernant la situation des droits humains au Togo, à la suite des manifestations qui ont secoué Lomé en juin.
Ces manifestations ont été en grande partie déclenchées par la réforme constitutionnelle, mais elles ont également mis en lumière des revendications économiques et sociales. L’interview a permis au ministre de clarifier la position du gouvernement face aux critiques des organisations internationales et de la société civile.
La situation des droits humains au Togo
Interrogé sur la situation des droits humains, Pacôme Adjourouvi a défendu la position du gouvernement togolais, qualifiant les accusations de manipulation visant à déstabiliser le pays. Il a mis en cause certains acteurs, souvent basés à l’étranger, qui inciteraient les citoyens à des actions violentes contre les autorités et les intérêts étrangers. Selon lui, la violence de ces manifestations, dont l’objectif serait de dénigrer le pays, justifie les actions des forces de sécurité pour protéger la population.
« La réalité des faits, je vais vous la donner telle que je l’ai vécue moi et que les Togolais l’ont vécu. En réalité, une fausse crise a été fabriquée par des gens dont l’agenda purement ailleurs, l’agenda caché, c’est de déstabiliser un pays, c’est de dénigrer un pays, c’est de faire en sorte qu’on pense que le Togo est un pays qui vit sous une coupe dictatoriale et pour cela rien n’a été épargné à ce pays qu’on a accablé de tous les mots.«
Le ministre a souligné que les manifestations avaient été alimentées par des appels à la violence, y compris l’attaque de commissariats et d’ambassades, et qu’il était légitime pour l’État de répondre de manière ferme face à de telles menaces. Adjourouvi a insisté sur le fait que l’État de droit était respecté et que la loi s’appliquait à tous.
Les manifestations et la répression
Les manifestations, qui ont fait plusieurs victimes, ont alimenté des critiques sur la répression violente par les forces de sécurité. Selon des organisations de la société civile, sept personnes sont mortes, dont certaines retrouvées dans des lagunes. Toutefois, le gouvernement a démenti ces accusations, affirmant que les décès étaient dus à des noyades, et une enquête judiciaire a été ouverte.
Recevez l'actualité directement dans votre boite mail !
MERCI !
« Je suis avocat de formation et je vais pas vite en besogne. Effectivement, il y a eu des morts. Les enquêtes sont en cours. Laissons le parquet dérouler son enquête. Vous parlez de bientôt vous alors on attend donc le résultat de l’enquête mais en tout cas la majorité de ces gens qui sont qui étaient dans la rue n’étaient pas là uniquement pour pour des pillages. »
Quant à la question du droit de manifester, Pacôme Adjourouvi a réaffirmé que les libertés publiques étaient garanties par la constitution togolaise. Il a précisé que les citoyens ont la possibilité de manifester, mais sous certaines conditions, notamment en informant les autorités pour garantir la sécurité des participants et éviter les débordements violents. Il a également précisé qu’il ne s’agissait pas d’une interdiction des manifestations, mais de mesures visant à assurer l’ordre public.
L’affaire Amron et les accusations de torture
L’interview a également abordé l’affaire de l’artiste Amron, arrêté et interné en hôpital psychiatrique, qui a accusé les autorités de l’avoir torturé. Le ministre Adjourouvi a demandé que des preuves de ces allégations soient fournies, soulignant que le gouvernement était prêt à tirer les conséquences si les accusations étaient vérifiées. Il a répété que les enquêtes étaient en cours et que le gouvernement ne tolérerait aucune violation des droits des citoyens.
« Apportez-nous les preuves. Pour l’instant, je vous dis toute une enquête est montée sur cette affaire et nous attendons les conclusions. Si tel est le cas, nous en tirerons les conséquences. Mais ce qui est certain, c’est que la jeunesse, c’est une partie de la jeunesse, pas toute la jeunesse, excusez-moi.«
La réponse de Pacôme Adjourouvi à la jeunesse et aux critiques sur les réseaux sociaux
La question de la jeunesse togolaise, en particulier des jeunes manifestants, a été un autre point abordé. Adjourouvi a affirmé que le gouvernement entendait bien les revendications des jeunes et qu’il était conscient des défis qu’ils rencontraient. Toutefois, il a insisté sur le fait que la violence ne devait jamais être la solution, et que des voies pacifiques étaient à privilégier. Il a aussi mis en garde contre les manipulations sur les réseaux sociaux, soulignant que la majorité des jeunes, loin d’être manipulée, soutenait le gouvernement.
Le ministre togolais a conclu l’interview en réaffirmant que la situation au Togo n’était pas aussi dramatique que certains tentent de le dépeindre. Il a appelé à la responsabilité des citoyens et à un dialogue constructif pour résoudre les problèmes du pays. Tout en soulignant qu’il n’y avait pas d’interdiction de manifester, il a insisté sur la nécessité de respecter la loi et l’ordre public, afin de garantir la sécurité de tous les Togolais.