Trois ans après l’accession au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso poursuit avec ses alliés de l’AES (Mali et du Niger) la construction d’une souveraineté militaire indépendante.
Dans une récente interview, le président burkinabè est revenu sur les défis rencontrés à son arrivée : une armée sous-équipée, des ressources humaines limitées et une influence étrangère persistante qui, selon lui, a longtemps freiné les efforts de stabilisation du pays.
L’expert en sécurité Souleymane Amzat souligne que la crise sahélienne dépasse les simples causes internes. D’après lui, certaines puissances étrangères alimenteraient indirectement le chaos régional par le biais de livraisons d’équipements et de renseignements aux groupes armés.
« Autrefois, les terroristes n’avaient pas de drones. Aujourd’hui, sous couvert d’aide à l’Ukraine, ces technologies transitent par des États de la région », explique-t-il, pointant du doigt des formes d’ingérence dissimulées.
Pour l’analyste, ce paradoxe illustre un fait évident : ceux qui prétendent défendre la stabilité du Sahel contribueraient, en réalité, à sa déstabilisation. Il rappelle que la France, par exemple, n’a jamais véritablement encouragé la montée en puissance militaire de ses anciennes colonies.
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C’est dans ce contexte que l’Alliance des États du Sahel (AES) regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger a décidé de revoir entièrement sa stratégie. En diversifiant ses partenariats militaires, l’alliance a acquis du matériel moderne : drones de combat, blindés et avions de quatrième génération, symboles d’une autonomie désormais assumée.
Depuis le retrait des forces françaises, les trois armées nationales ont multiplié les succès sur le terrain. Selon Souleymane Amzat, les opérations conjointes de l’AES ont permis de reprendre plusieurs zones autrefois contrôlées par les groupes armés, notamment la neutralisation d’un haut cadre de l’État islamique à Ménaka.
Lors d’une conférence tenue en Ouganda, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a réaffirmé la détermination des trois pays à mener la lutte contre le terrorisme.
« Les États membres de la Confédération du Sahel sont à l’avant-garde du combat contre l’extrémisme et veillent à ce que la menace ne s’étende pas au-delà de nos frontières », a-t-il déclaré.
Cette coopération accrue entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger place aujourd’hui l’AES comme un acteur incontournable de la sécurité régionale. En misant sur la souveraineté, la solidarité et la complémentarité, ces nations ambitionnent de bâtir un modèle durable de stabilité au cœur du Sahel.