Kenya: Un pasteur arrêté pour avoir contraint ses fidèles à jeûner jusqu’à la mort

Le pasteur autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie a été formellement inculpé jeudi au Kenya, neuf mois après la tragique mort de 429 membres de sa secte évangélique lors d’un jeûne fatal.

Accusé de « facilitation de la commission d’un acte terroriste », « possession d’un article en lien avec une infraction à la loi sur la prévention du terrorisme », « participation à une activité criminelle organisée » et « radicalisation », le pasteur a plaidé « non coupable » devant le tribunal de Mombasa.

L’affaire remonte au 14 avril, lorsque les premières victimes ont été découvertes dans la forêt de Shakahola, le lieu de rassemblement de l' »Église internationale de Bonne nouvelle » dirigée par Mackenzie. Les recherches ont depuis révélé 429 corps dans des tombes et fosses communes, les décès s’étalant sur plusieurs années. Les autopsies ont révélé que la majorité des victimes sont décédées de faim, certains ayant été étranglés, battus ou étouffés.

Cette affaire a entraîné des critiques contre les autorités kényanes pour ne pas avoir empêché les activités du pasteur, malgré ses prêches extrêmes, et a ravivé le débat sur la réglementation des organisations religieuses au Kenya. En octobre, une commission sénatoriale a signalé des « défaillances » de la justice et de la police, alertées en 2017 et 2019.

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Paul Nthenge Mackenzie devrait faire face à d’autres accusations dans ce qui est désormais appelé « le massacre de Shakahola ». Les procureurs ont annoncé vouloir poursuivre 95 personnes pour des chefs incluant également « assassinat », « soumission d’un enfant à la torture » et « cruauté envers un enfant ».

La prochaine audience est prévue pour le 6 février, et le pasteur comparaîtra également le 25 janvier devant un autre tribunal pour des crimes présumés commis sur des enfants.

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Malgré les excuses du gouvernement kényan et les promesses de réformes légales pour encadrer les organisations religieuses,

Le président William Ruto, lui-même un fervent protestant soutenu par les milieux évangéliques lors de son élection en août 2022, a créé un groupe de travail chargé de « l’examen du cadre légal et réglementaire régissant les organisations religieuses ».

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Mais les précédentes tentatives de réglementation se sont heurtées à une vive opposition, au nom notamment de la liberté de culte.

Le gouvernement a annoncé que la forêt de Shakahola serait transformée en « lieu de mémoire », « afin que les Kényans et le monde n’oublient pas ce qui s’est passé ».