Ghana : Les journalistes décrètent un black-out médiatique contre la ministre de la pêche
L’Association des journalistes ghanéens (GJA) a décrété un black-out médiatique sur la ministre de la pêche et députée de la circonscription d’Awutu Senya East, Mavis Hawa Koomson, à la suite de l’agression de David Kobbina, journaliste de Cape FM dans la région centrale, par des voyous qui seraient associés à la ministre.
L’agression du journaliste s’est produite le 4 janvier 2024 et a suscité une condamnation générale. Les agresseurs ont accusé la victime d’avoir insulté Hawa Koomson lors d’une émission télévisée, ce que la victime a nié, précisant qu’il travaillait en tant qu’animateur d’une émission matinale sur une station de radio. Il a même présenté sa carte d’identité pour étayer son argumentation, mais les agresseurs ont continué et se sont jetés sur lui en présence d’un officier de police qui était le premier à avoir accosté la victime.
Après l’incident, Albert Kwabena Dwumfour, président de l’Association des journalistes du Ghana, a demandé au Nouveau parti patriotique (NPP), auquel appartient Hawa Koomson, d’ouvrir rapidement une enquête et d’imposer des sanctions aux personnes responsables de l’agression du journaliste. En outre, il a appelé les services de police du Ghana à enquêter rapidement sur l’incident et à traduire les auteurs en justice. Il a souligné la nécessité pour l’officier de police qui a convoqué Kobbina avant l’agression de faire l’objet de mesures disciplinaires pour conduite non professionnelle, ajoutant que les enquêtes préliminaires menées par le GJA ont corroboré l’incident.
« C’est le comble de l’impunité et nous ne pouvons plus le tolérer. Nous signifions par la présente que si à la clôture du vendredi 12 janvier 2024, ces demandes (sanctions) n’ont pas été satisfaites, nous nous en aviserons en conséquence », avait déclaré le président du GJA en réaction à l’agression.
Le « black-out médiatique »
Cependant, lors d’une conférence de presse organisée par la direction de la GJA en partenariat avec des acteurs internationaux et à laquelle ont assisté des journalistes de haut niveau, le jeudi 25 janvier, le président de la GJA, Albert Kwabena Dwumfour, a décrété un black-out médiatique total sur Hawa Koomson. Selon la GJA, la police et le NPP n’ont pris aucune mesure depuis l’agression du journaliste, et l’association s’est donc vue contrainte d’utiliser les pouvoirs à sa disposition pour assurer la sécurité de ses membres. L’association a ajouté que le ministre, qui se double d’un législateur, a une attitude dangereuse et déraisonnable à l’égard des journalistes.
La GJA a invité tous les journalistes et toutes les maisons de presse du pays à se rallier à la déclaration afin qu’elle atteigne son objectif dans l’intérêt collectif de la fraternité des médias. Elle a ajouté que le black-out pourrait être revu si des mesures claires sont prises à l’encontre des auteurs de l’agression condamnable dont a été victime David Kobbina. Elle a également exhorté les journalistes à donner la priorité à leur sécurité lors des prochaines élections primaires du NPP et à faire preuve du plus grand professionnalisme.
Entre-temps, Hawa Koomson a réfuté les allégations selon lesquelles elle aurait été impliquée dans l’agression du journaliste. Elle a décrit les rapports qui la lient à l’incident comme étant faux et une tentative délibérée de ses adversaires de porter atteinte à son intégrité pour marquer des points politiques.