Festival de Cannes 2024 : Condamné à 8 ans de prison, Mohammad Rasoulof choisit l’exil
Condamné à huit ans de prison par un tribunal iranien, dont cinq ans pour « conspiration contre la sécurité nationale », Mohammad Rasoulof a annoncé lundi qu’il avait quitté l’Iran. Il cherche aujourd’hui le soutien du cinéma mondial.
Mohammad Rasoulof, dont le film « Les graines du figuier sauvage » a été sélectionné pour le 77e Festival de Cannes, a appelé l’industrie cinématographique mondiale à apporter un « soutien fort » aux cinéastes menacés, dans un communiqué transmis à l’AFP. Le réalisateur, condamné à plusieurs années de prison dans son pays, dit « craindre pour la sécurité et le bien-être » de ses équipes de tournage restées en Iran.
Après ses nombreuses arrestations et sa récente condamnation, il a déclaré mardi à l’AFP :
« Je devais choisir entre la prison et quitter l’Iran. Le cœur lourd, j’ai choisi l’exil. » Sa présence à la projection de son film « Les graines du figuier sauvage »
Elle reste donc incertaine, comme l’indique un communiqué de son producteur Jean-Christophe Simon, même si son avocat Babak Paknia avait auparavant confirmé sa présence à l’AFP. Ce qui renvoie inévitablement au Festival de Berlin en 2020, auquel il n’avait pas pu assister pour son film « Le diable n’existe pas », récompensé par un Ours d’or.
Il se trouve actuellement dans un lieu secret en Europe, et dans son dernier post Instagram, il exprime sa gratitude envers les personnes qui l’ont aidé à fuir. Alarmé par la situation dans son pays et les risques encourus par son équipe, il souligne dans sa déclaration :
« La liberté d’expression doit être défendue haut et fort (…) Comme je le sais par expérience personnelle, ce soutien peut leur être d’une aide inestimable pour poursuivre leur travail vital », appelant donc au secours la communauté cinématographique mondiale.
Des condamnations multiples
Au cours de sa carrière, le réalisateur iranien a été sanctionné à plusieurs reprises pour ses films, comme en 2013 lorsqu’il dénonce la censure du régime iranien dans « Manuscripts Don’t Burn ». En 2017, c’est son film « A Man of Integrity », dénonçant la corruption du régime, qui lui vaut d’être arrêté pour « propagande contre le régime » et de se voir confisquer son passeport, l’obligeant à se cacher.
Cinq ans plus tard, il est à nouveau arrêté après avoir publié, avec un groupe de cinéastes iraniens, une lettre ouverte appelant les forces de sécurité à déposer les armes à la suite du tollé provoqué par l’effondrement d’un immeuble qui a tué 40 personnes.