Fermeture des écoles privées au Togo : Ce que pense le député Gerry Taama

Lomé, 14 juillet 2023 (Lomé Actu) –  Le député Gerry Taama exprime son désaccord face à la récente fermeture de plus de 200 écoles privées « clandestine au Togo. Selon lui, cette mesure aura des conséquences néfastes et injustifiées pour le système éducatif du pays.

Gerry Taama remet en question les motivations derrière la fermeture de ces établissements et soulève plusieurs préoccupations. Rappelons que la décision a été prise par le Ministère des Enseignements Primaire, Secondaire, Technique et de l’Artisanat.

Le député souligne les conséquences de la fermeture des écoles ciblées, notamment une augmentation du chômage pour les enseignants et des difficultés financières pour les promoteurs des établissements. Il met également en garde contre la déscolarisation des enfants, car de nombreux parents envoient leurs enfants dans ces écoles en raison de la surpopulation ou de la distance des écoles publiques.

« Pour la fermeture de 255 établissements scolaires privés, j’accuse.

Le seul argument qui aurait à mon sens justifié la fermeture de ces écoles, aurait été un graphique qui montre que le taux de réussite aux examens officiels de ces établissements est en décrochage avec les écoles en règles. Là, j’aurai été d’accord.

Autrement, cette décisions aura au moins trois conséquences de mon point de vue.

La première, c’est bien entendu une augmentation du chômage. Si on estime raisonnablement que chaque école emploie 15 enseignants en moyenne, ceci fait 3835 personne au chômage. Quand on pense que le gouvernement a lancé un concours de la fonction publique pour recruter le même nombre de personnes, on se dit quelque part quelque chose n’a pas marché. Si vous ne pouvez pas créer des emplois, n’en détruisez pas non plus !

La seconde conséquence est pour les promoteurs de ces établissements. Presque tous sont sur prêts. Ils vont faire comment pour payer leur dettes. Là aussi, si le gouvernement ne peut pas subventionner le secteur privé dans l’éducation, qu’il le le détruise pas.

La troisième et dernière conséquence (il y en a plusieurs) c’est la déscolarisation des enfants. Dans beaucoup de localités, les parents envoient leur enfants à l’école privée soit parce que les effectifs sont pléthoriques dans les établissements publiques, ou alors l’école publique est trop loin. Donc, cette mesure risque de renvoyer à la maison des enfants dont les parents ne peuvent pas assurer le déplacement.

Pour moi, il faut procéder par pédagogie, comme yark l’avait fait autrefois pour la ceinture de sécurité. Amener les gens à se normaliser progressivement. C’est le terrain qui commande. Le contexte fait loi. Ce n’est pas dans toutes les bagarres qu’on doit montrer qu’on est garçon.

Par ailleurs, Imposer le respect des normes aux établissements privés n’aurait de sens que si l’école publique est aux normes. Alors que même à Lomé, des élèves sont assis 4 par tables banc, je ne parle pas de intérieur du pays où les paillotes le disputent aux bâtiments en durs comme écoles. La charité bien ordonnée commence par soi-même. Quand les 30 000 salles de classes seront construites et bien équipées, on s’occupera des écoles privées en délicatesse.

Mais, attention, ne vous méprenez pas. Je ne soutiens pas les écoles qui ne sont pas en règles. Je suis bien entendu pour la loi, mais entre deux maux, il faut toujours choisir le moindre. Nous sommes un pays pauvre, et devant toute situation, notre objectif devrait être l’emploi, l’entreprise, et les enfants.

Et nous avons plusieurs lois pour lesquelles nous nous accommodons, par pragmatisme. Il est obligatoire d’avoir une permis moto pour conduire dans l’espace public, mais nous regardons ailleurs. La taxe d’habitation est obligatoire, mais nous regardons ailleurs. La carte d’opérateur économique est obligatoire pour commercer au Togo, par contre 90 % des acteurs économiques sont dans l’informel. Je pourrais citer des dizaines d’exemples où on fait avec, parce que la situation est difficile. Donc que mon ami kokoroko fasse doucement. Si tu ne m’arranges pas, faut pas me déranger. On attend depuis 3 ans les résultats du concours du ministère des Finances et deux ans les résultats du concours de la fonction publique. Et lui il veut ajouter des chômeurs-cadeau comme ça dans le pays ?

Par contre, notre pays prend désormais une trajectoire inquiétante. Que font les syndicats ? Pourquoi ne font-ils pas un recours gracieux chez le chef d’état, ou à défaut, une saisine du tribunal administratif. Moi, de mon côté, j’ai déjà interpellé le mois dernier le même ministre sur la construction des salles de classe. J’attends la réponse. On a l’impression que tout le monde vit désormais dans une peur permanente. Ils doivent protester, pacifiquement, cela va sans dire.

Pour conclure, je crois que s’il ne fait pas marche arrière, la décision risque de suivre la même trajectoire que celle qui interdisait la vente du carburant dans les bidons. Long feu. Zéro respect. La plupart des écoles vont ouvrir quand même, avec la complicité des inspecteurs. Eux, ils sont sur le terrain et connaissent la vérité, mais ont ont peur de parler. L’école privée a sauvé l’école togolaise. C’est ça la vérité. Et les enseignants sont trop mal payés là-bas. S’il y a quelque chose à arranger, c’est le traitement des enseignants du privé, et non les mettre au chômage (…). Écrit le leader du Net.

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