L’Alliance nationale pour le changement (ANC), principal parti d’opposition togolais, a vivement dénoncé les informations selon lesquelles les dirigeants de l’Union africaine envisageraient de nommer le président Faure Gnassingbé comme médiateur dans le conflit en République démocratique du Congo.
Dans une déclaration cinglante publiée le 9 avril 2025, le chef de l’ANC, Jean-Pierre Fabre, a qualifié cette nomination potentielle d’« indécente » et de « cynique ». Le parti d’opposition déclenche un nouveau débat sur l’engagement de l’UA en faveur des valeurs démocratiques.
La controverse a éclaté après que Radio France Internationale a rapporté que l’UA évaluait Faure Gnassingbé pour contribuer à apaiser les tensions entre la RDC et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. L’ANC a immédiatement rejeté cette idée. Le parti argue qu’un dirigeant « arrivé au pouvoir par la violence et se maintenant par la répression » ne peut pas jouer un rôle de médiateur crédible dans les conflits régionaux.
La déclaration de l’ANC
Relative à l’éventuelle désignation de Faure Gnassingbé comme médiateur dans le conflit en République Démocratique du Congo (RDC)
L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a appris avec stupéfaction, par voie de presse, notamment à travers un reportage de Radio France Internationale (RFI) en date du 6 avril 2025, que l’Union Africaine (UA) envisagerait de confier au Président de la République togolaise, Faure Gnassingbé, une mission de médiation dans le conflit opposant la République Démocratique du Congo (RDC) au “mouvement armé M23, soutenu par le Rwanda”.
Recevez l'actualité directement dans votre boite mail !
MERCI !
L’ANC exprime sa vive indignation face à cette perspective qui frise l’indécence et constitue une insulte au peuple togolais, qui subit depuis des décennies un régime de terreur, d’injustice et de confiscation du pouvoir
Il est inconcevable qu’une organisation continentale censée promouvoir la démocratie, la paix et la bonne gouvernance, puisse envisager de faire appel à Faure Gnassingbé, héritier d’un régime dynastique installé par la force et maintenu au pouvoir par la répression – pour jouer un rôle de médiateur dans un conflit aussi grave. Ce choix, s’il venait à être confirmé, serait non seulement inapproprié mais profondément cynique.
Depuis sa prise de pouvoir en 2005 dans un bain de sang qui, selon le Rapport d’Etablissement des Faits des Nations Unies, a coûté la vie à plus de cinq cents personnes, Faure Gnassingbé a méthodiquement verrouillé les institutions, modifié la Constitution à son avantage, et institutionnalisé la répression, la corruption et l’impunité. Il dirige un régime militaire clanique à façade civile, où toute voix dissidente est systématiquement étouffée, embastillée, assassinée ou contrainte à l’exil et où les aspirations démocratiques du peuple togolais sont violemment réprimées.
Comment l’Union Africaine peut-elle, dans ce contexte, prétendre voir en Faure Gnassingbé un médiateur crédible ? Comment peut-elle ignorer les souffrances du peuple togolais et envoyer un tel signal de légitimation à un pouvoir illégitime, antidémocratique et oppressif ?
L’ANC dénonce avec la plus grande fermeté cette attitude complaisante de l’UA, qui s’apparente à un encouragement à la perpétuation du régime autoritaire de Faure Gnassingbé, et à une trahison des valeurs fondamentales censées guider l’action de l’Union Africaine.
L’ANC appelle les forces démocratiques africaines et internationales à s’élever contre cette tentative de réhabilitation d’un autocrate notoire, et à exiger que l’Union Africaine soit fidèle à ses principes en soutenant les peuples, et non les dictateurs.
Fait à Lomé, le 09 avril 2025
Pour le Bureau National
Le Président