Chaque année, des milliers d’étudiants togolais quittent les bancs de l’université avec un diplôme en poche et l’espoir d’un avenir meilleur. Pourtant, pour une grande partie d’entre eux, la réalité est tout autre : stages interminables, emplois précaires ou longues périodes de chômage. Le phénomène du chômage des jeunes diplômés au Togo, devenu un véritable casse-tête national, fragilise la jeunesse et nourrit frustrations et inquiétudes.
Mais quelles solutions concrètes existent aujourd’hui pour aider les jeunes diplômés à s’insérer durablement sur le marché du travail ?
Le chômage des jeunes diplômés au Togo en hausse malgré un faible taux national

Si le taux de chômage global du Togo tourne autour de 4%, la situation est bien plus préoccupante chez les jeunes. Selon l’ANPE, 6,8% des 15-34 ans sont sans emploi, et ce chiffre grimpe à 14% pour les diplômés de l’enseignement supérieur. En clair, ceux qui ont le plus investi dans leurs études sont aussi ceux qui peinent le plus à trouver un poste correspondant à leurs compétences.
Plusieurs facteurs expliquent cette réalité des jeunes diplômés au Togo :
- Inadéquation entre formation et besoins du marché : trop de diplômés sortent de filières saturées, tandis que des secteurs comme le BTP, le numérique ou l’agro-industrie manquent de main-d’œuvre qualifiée.
- Croissance économique insuffisante : 70% des actifs travaillent encore dans l’agriculture, un secteur peu valorisant pour les diplômés.
- Prépondérance de l’informel : plus d’un quart des jeunes sont sous-employés dans des activités précaires.
- Disparités régionales : l’essentiel des opportunités se concentre à Lomé et dans quelques grandes villes, laissant les jeunes de l’intérieur du pays sans perspective.
Face à ces obstacles, beaucoup finissent par accepter des emplois sous-qualifiés ou tentent l’aventure entrepreneuriale, souvent sans accompagnement.
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Les solutions pour sortir de l’impasse
Initiatives publiques : l’ANPE, le volontariat et la fonction publique

Pour contrer le chômage des jeunes diplômés au Togo, l’État a multiplié les initiatives. L’Agence nationale pour l’emploi (ANPE), créée en 2010, accompagne les jeunes chercheurs d’emploi à travers des formations, des stages et des programmes de mise en relation. Entre 2010 et 2021, près de 10 700 jeunes ont bénéficié de stages et environ 4 000 ont décroché un emploi à leur issue.
Le volontariat national joue également un rôle clé. Depuis sa création, l’Agence nationale du volontariat a mobilisé 48 850 jeunes, dont plus d’un quart ont trouvé un emploi après leur mission. Par ailleurs, des recrutements massifs dans la santé et l’éducation ont permis d’intégrer des milliers de diplômés dans la fonction publique.
L’entrepreneuriat, une alternative crédible pour les jeunes diplômés

Faute d’emplois salariés, de plus en plus de jeunes diplômés se tournent vers l’entrepreneuriat. Le Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes (FAIEJ) est l’un des principaux leviers mis en place. En dix ans, il a financé plus de 3 600 projets, générant près de 12 800 emplois directs et indirects.
Le PAEIJ-SP, soutenu par la Banque africaine de développement, a lui aussi marqué un tournant. En quatre ans, il a créé 35 000 emplois, soit presque le double des prévisions, principalement dans l’agro-industrie.
Les incubateurs locaux, comme NunyaLab, favorisent également l’émergence de start-ups. Depuis 2019, cet incubateur a formé 1 600 jeunes et accompagné 79 projets, dont une quarantaine sont devenus des entreprises actives, notamment dans le numérique.
Le secteur privé et les investissements structurants

Au-delà des initiatives publiques, le secteur privé joue un rôle essentiel. La Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), inaugurée en 2021, est un exemple concret. Dédiée au textile, à la logistique et à l’agroalimentaire, elle a déjà généré des milliers d’emplois.
Pour renforcer cette dynamique, le gouvernement a misé sur des formations techniques adaptées, via les Instituts de Formation en Alternance pour le Développement (IFAD). Ces établissements spécialisés forment chaque année des centaines de jeunes aux métiers du BTP, du numérique ou de l’agriculture moderne, répondant aux besoins réels des entreprises.
Enfin, les Travaux à Haute Intensité de Main-d’Œuvre (THIMO) ont permis de créer 170 000 emplois temporaires ces dernières années, offrant aux jeunes un revenu et une première expérience.
Une dynamique positive, mais des défis persistants
Grâce à ces efforts, plus de 26 200 emplois durables ont été créés au profit des jeunes récemment, soit le double des objectifs initiaux. Le chômage des 15-34 ans est passé de 8,1% en 2011 à 6,8% en 2020.
Cependant, les défis liés au chômage des jeunes restent immenses. Chaque année, environ 100 000 nouveaux jeunes arrivent sur le marché du travail. Pour éviter une nouvelle explosion du chômage, il faudra poursuivre l’industrialisation, développer le numérique, diversifier l’économie et garantir la qualité des emplois créés.
Comme le rappelait Victoire Dogbé, Première ministre, « l’emploi des jeunes reste la priorité des priorités ». La réussite passera par la continuité des programmes publics, la montée en puissance de l’entrepreneuriat et une meilleure implication du secteur privé.