L’affaire du musicien togolais Aamron a pris une tournure inquiétante. Son avocat, Me Célestin Agbogan, a révélé des détails crus de tortures présumées après son arrestation le mois dernier. L’avocat d’Aamron qui préside également la Ligue togolaise des droits de l’homme, a promis d’engager des poursuites judiciaires contre ce qu’il décrit comme un cas flagrant d’abus commandités par l’État.
Selon le récit explosif de Me Agbogan à Écho du Togo, les forces de sécurité du Service Central de Recherches et d’Investigations criminelles (SCRIC) auraient infligé à Aamron des traitements atroces immédiatement après son arrestation le 26 mai.
« Au SCRIC, ils l’ont menotté dans des conditions déplorables et ils ont commencé par le bastonner. Il a été torturé, malmené, il a été bien secoué, avec des cicatrices partout. Quand ces agents le bastonnaient, ils lui ont demandé : “qu’est-ce que nous sommes en train de te faire ?” Mon client a répondu : “vous êtes en train de me redresser.”
Ces tortionnaires ont répliqué en disant : “non, nous ne sommes pas en train de te redresser, nous sommes en train de te torturer.” Donc ce sont ces soldats eux-mêmes qui ont utilisé le mot torture. Et ils ont ajouté : ‘Si Dieu t’aide et tu t’en sors un jour, tu peux aller faire tes lives pour dire que nous t’avons torturé, personne ne nous fera rien’», a-t-il raconté.
L’internement psychiatrique d’Aamron
Suite aux abus présumés, les autorités ont transféré Aamron au centre psychiatrique de Zébé, où les médecins ont diagnostiqué une maladie sur la base d’un rapport médical remis au parquet. Agbogan a contesté la légitimité de ce diagnostic et de l’internement qui a suivi, qualifiant l’ensemble du processus de « totalement irrégulier » puisqu’aucune inculpation formelle n’a jamais été déposée.
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L’avocat a également mis en doute l’authenticité de la vidéo largement diffusée montrant Aamron s’excusant auprès des représentants du gouvernement, affirmant qu’elle avait été obtenue « sous la contrainte ».
L’avocat d’Aamron dénonce un schéma généralisé d’abus
Me Agbogan considère que le cas d’Aamron s’inscrit dans une tendance inquiétante, citant des signalements de torture parmi les personnes arrêtées lors des manifestations du 6 juin. L’avocat spécialisé dans les droits humains prévoit de consulter son client sur les prochaines étapes, mais a clairement indiqué qu’une action en justice était imminente.
« Quand on viole la loi, on sait ce qu’il faut faire. Des gens ont torturé dans ce pays et ont été condamnés. Je discuterai avec mon client. Et il n’est pas le seul. Ceux arrêtés lors des manifestations du 6 juin ont également fait l’objet de torture et de traitements dégradants. C’est un lourd dossier, et si on le laisse comme ça, cela n’honore pas notre pays. Je pense qu’il y aura une suite », a déclaré l’avocat.
Alors que les organisations internationales de défense des droits humains commencent à s’en intéresser, cette affaire menace de devenir un point de friction dans les critiques croissantes concernant le traitement réservé par le Togo aux détracteurs du gouvernement.