La communauté culturelle togolaise se mobilise derrière l’artiste détenu Aamron, tandis que de plus en plus de musiciens et d’acteurs culturels brisent le silence face à ce que beaucoup qualifient d’atteinte à la liberté de création. L’arrestation d’Aamron, cet artiste au franc-parler a suscité une vague de solidarité sans précédent dans le paysage artistique du pays.
Suite à l’appel émouvant de Santrinos Raphaël en début de semaine, des personnalités de la scène musicale togolaise se sont jointes à la contestation. Le poète slameur Kaporal Wisdom a tenu une déclaration à la fois sibylline et percutante sur les réseaux sociaux.
« Nul ne peut prétendre être artiste sans être fou. L’art est la première étape de la folie. » Son message, tagué #JeSuisFou et #JeSuisAamron, a été largement interprété comme une déclaration audacieuse de solidarité artistique.
Le rappeur Mic Flammez a manifesté jusqu’au studio d’enregistrement. Il a publié un titre cinglant exigeant la libération immédiate d’Aamron. La diffusion virale du morceau sur Instagram et TikTok a galvanisé les jeunes Togolais, des milliers de personnes partageant la vidéo accompagnée de messages de soutien.
La mobilisation de la communauté artistique intervient après plusieurs jours de pression publique croissante. Nombreux étaient ceux qui avaient critiqué le silence initial d’artistes de renom, les utilisateurs des réseaux sociaux les accusant de peur ou de complicité. L’élan de soutien de cette semaine marque un changement significatif dans la réaction culturelle à la détention d’Aamron.
Des groupes de la société civile et des chefs religieux se sont joints au mouvement pour réclamer transparence et respect des procédures régulières. Ce mouvement croissant reflète les inquiétudes croissantes quant au rétrécissement des espaces de liberté d’expression au Togo, en particulier pour les voix critiques dans le monde artistique.
Alors que les autorités maintiennent leur silence concernant les accusations officielles portées contre Aamron, la position unifiée de la communauté artistique représente un nouveau défi. L’arrestation d’Aamron est devenue, par inadvertance, un point de ralliement pour des frustrations plus larges concernant la gouvernance et les libertés civiles.
