Ce lundi 8 décembre 2025, la journée d’ouverture du 9e Congrès Panafricain à Lomé, était annoncée comme un moment de confrontation. L’appel à manifester du M66, un collectif d’opposition, pour « empêcher la tenue du congrès » pendait. Le mouvement dénonce un événement qu’il juge indécent face aux « réalités » togolaises. Finalement, la capitale a vécu une journée d’un calme absolu, mais sous le couvert d’un dispositif sécuritaire massif et visible.
Un appel à manifester du M66 fondé sur une dénonciation des « contradictions »
Dans ses communiqués relayés sur les réseaux sociaux, le M66 a justifié son appel à la mobilisation par un constat sévère. Pour ce groupe, il est « inconcevable » qu’un événement international de cette envergure se tienne dans un pays où, selon lui, « une large partie de la population vit au seuil de la pauvreté » et où « la vie chère pèse sur les ménages ». Le mouvement dénonce également un rétrécissement de l’espace des libertés.
8 décembre 2025 : Une ville calme mais lourdement gardée
Dès les premières heures de la matinée, le contraste était frappant entre l’appel à manifester du M66 et la réalité du terrain. Les principaux axes et carrefours de Lomé étaient quadrillés par un important déploiement des forces de l’ordre. Des policiers en tenue de maintien de l’ordre, équipés de boucliers et de matraques, étaient positionnés à des points jugés stratégiques, tandis que des patrouilles mixtes police-gendarmerie sillonnaient la ville de manière discrète mais continue.
Malgré cette présence sécuritaire inhabituelle, l’activité économique n’a pas été perturbée. Les boutiques sont restées ouvertes, les vendeurs ambulants étaient à leurs postes et la circulation, bien que surveillée par la Division de la Sécurité Routière (DSR), est restée fluide. « La ville est anormalement calme », a confié un passant. Cette journée était sous le poids d’une atmosphère particulière d’une capitale fonctionnant normalement, mais sous surveillance.
Un appel sans concertation sur le terrain ?
Le calme plat observé ce lundi pose question sur la nature et la portée réelle de l’appel du M66. Présenté comme une organisation de la diaspora opérant principalement via les canaux numériques, le mouvement semble n’avoir réussi à mobiliser aucune base significative sur le terrain à Lomé. Aucun rassemblement, aucune perturbation, ni même de signes avant-coureurs de manifestation n’ont été observés.
Cette absence de concrétisation de la protestation annoncée peut s’interpréter de plusieurs manières : comme un échec de mobilisation, comme l’efficacité dissuasive du déploiement sécuritaire préventif, ou comme le signe d’un décalage entre les appels lancés depuis l’extérieur et la capacité ou la volonté de mobilisation de la population dans un contexte donné.
Si le 9ème congrès panafricain a pu commencer ses travaux sans incident visible, cette journée révèle néanmoins la persistance des tensions politiques et la sensibilité des autorités à toute tentative de perturbation d’un événement d’envergure internationale se déroulant sur le sol togolais. Les jours à venir, alors que le congrès se poursuit, resteront observés sous cet angle.