Une nouvelle tempête médiatique entoure le controversé tiktokeur togolais Achikan Goro. Dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 septembre 2025, des vidéos intimes le montrant dans une relation sexuelle avec une jeune femme ont inondé les réseaux sociaux, relançant de vifs débats sur le consentement et la vie privée à l’ère numérique.
La particularité de cette fuite est que les vidéos semblent avoir été filmées par la star de Tiktok elle-même, écartant a priori la thèse d’un piège tendu par un tiers. Cette situation soulève une question cruciale : comment ce contenu privé s’est-il retrouvé en ligne ? Achikan Goro, figure notoire pour ses prises de position lors des récentes mobilisations sociopolitiques, est-il la victime d’une campagne de « revenge porn » ou porno-divulgation ?
La violation de la vie privée, une infraction grave selon la loi togolaise

Pour comprendre les implications juridiques de cet acte, les médias se sont tournés vers l’expertise du Professeur Akodah Ayewouadan, Maître de conférences en droit et ancien Ministre de la Communication. Selon lui, le simple fait de partager des images, des vidéos ou des conversations privées sans permission constitue une violation de la vie privée, strictement interdite par la loi togolaise.
« Le droit à l’image impose que toute personne ait le droit de disposer de son image et, par conséquent, de s’opposer à sa publication, sa diffusion ou son utilisation. Concrètement, avant de publier une photo sur laquelle figure une personne, il faut recueillir son consentement préalable. Cette exigence se fait au nom du respect de la vie privée, dont le droit à l’image constitue un instrument de protection« , a-t-il expliqué dans une publication intitulée « Réseaux sociaux et droit togolais ».
Cette protection s’étend bien au-delà des contenus à caractère sexuel. Toute atteinte à l’intimité de la vie privée est passible de poursuites.
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Le « Revenge Porn », une violence numérique aux lourdes conséquences
Le Professeur Ayewouadan définit précisément ce phénomène inquiétant : « Le revenge porn est une atteinte délibérée à l’intimité de la vie privée d’autrui par la transmission ou l’exhibition d’un contenu à caractère sexuellement explicite d’une personne dans un espace privé, sans le consentement de celle-ci, dans un but de vengeance ou de chantage. »
Cette pratique, qui croît avec l’essor des réseaux sociaux, constitue une forme de violence numérique aux conséquences psychologiques et sociales dévastatrices pour les victimes.
Quelles sanctions pour les auteurs qui auraient divulgué la vidéo d’Achikan Goro ?

La loi togolaise prévoit des peines sévères pour réprimer ces agissements. Selon l’article 369, la violation de la vie privée d’autrui est punissable d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 5 à 30 millions de francs CFA, que l’auteur soit une personne physique ou morale.
Par ailleurs, l’article 467 du code pénal réprime le chantage, souvent associé à ces pratiques, d’une peine d’un à trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 à 3 millions de francs CFA.
Cet incident révèle les nouveaux défis posés par la numérisation de la société et souligne l’urgence de sensibiliser le public aux risques liés au partage de contenu intime. Il rappelle également la nécessité absolue de respecter la vie privée d’autrui, y compris dans l’espace numérique. Pour les victimes de telles pratiques, le recours à la justice reste possible, et les peines prévues par la loi togolaise sont suffisamment dissuasives pour condamner ces comportements.