L’investissement dans le terrain attire de plus en plus de Togolais. Les jeunes actifs et la diaspora veulent à tout prix acheter un terrain au Togo. Cet engouement s’explique par l’urbanisation rapide du pays, l’inflation, et la perception du foncier comme un placement sûr. Mais qu’en est-il concrètement au Togo en 2025 ?
Zones en développement, rentabilité locative, sécurisation des titres, financement, fiscalité et liquidité… Actu Lomé fait le point sur ces aspects pour adapter un article initialement écrit sur le Nigeria à la réalité togolaise actuelle.
Tout ce qu’il faut savoir avant d’acheter un terrain au Togo
Urbanisation galopante : des zones en plein essor
Le Togo connaît une urbanisation rapide. Près de la moitié de la population (environ 44 % en 2025) vit désormais en ville, principalement à Lomé, contre à peine 30 % il y a quelques décennies. Cette tendance, poussée par l’exode rural et la jeunesse de la population (60 % des Togolais ont moins de 25 ans), devrait porter le taux d’urbanisation à 50 % d’ici 2027. Conséquence : Lomé s’étend à toute vitesse. Des localités naguère périphériques sont désormais englobées dans le Grand Lomé et attirent investisseurs et primo-accédants.
Parmi les zones en développement autour de la capitale, on retrouve Agoè-Nyivé au nord, qui est devenu une vaste banlieue dortoir et commerciale, ou encore Baguida à l’est, prisée pour son accès à la mer. Tsévié, ville moyenne située à ~35 km au nord de Lomé, bénéficie de la nouvelle autoroute et commence à jouer le rôle de ville-dortoir. De même, Kpomé (préfecture de Zio) et d’autres localités semi-rurales voient le prix des parcelles grimper à mesure que la ville s’en approche. Infrastructures oblige, l’échangeur d’Agoè et la Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA) renforcent l’attrait des zones environnantes en créant des emplois et en améliorant les routes.
Pour illustrer cette flambée, voici quelques prix moyens observés en 2025 pour un lot de 600 m² dans ces zones :
Zone | Prix approximatif d’un lot (~600 m²) |
Agoè-Nyivé (Nord Lomé) | 20 à 30 millions FCFA en moyenne, avec des lots proches des axes principaux pouvant dépasser 35 millions |
Baguida (Est littoral) | 30 à 50 millions FCFA dans les quartiers résidentiels, et jusqu’à 100+ millions pour les emplacements premium près du rond-point Aquereburu |
Tsévié (~35 km de Lomé) | 1 à 3 millions FCFA en périphérie rurale, quelques millions de plus près du centre urbain (des offres autour de 2 millions par lot sont courantes). |
Kpomé (Zio rural) | 3 à 5 millions FCFA par lot pour des terrains bien situés mis récemment en vente dans la zone. |
À noter : ces montants varient selon la proximité des routes goudronnées, la disponibilité de l’eau/électricité et les documents fournis (un terrain avec titre foncier se négocie plus cher qu’un terrain juste “tamponné”). Quoi qu’il en soit, le foncier périurbain togolais s’apprécie rapidement. Par exemple, à Baguida, un lot qui valait ~10 millions FCFA il y a 10 ans peut en valoir 30 millions aujourd’hui, la zone étant devenue le “Costa del Sol” local. Cette urbanisation offre donc des opportunités d’investissement, en particulier pour les jeunes qui veulent acheter tôt en périphérie avant que les prix ne s’envolent davantage.
Inflation : le terrain comme rempart contre la cherté de la vie ?
L’inflation, ennemie jurée de l’épargne, a fait son grand retour ces dernières années. Le Togo a connu un pic d’inflation de 7,6 % en 2022, son plus haut niveau depuis trente ans, dans le sillage de la crise post-Covid et de la flambée des coûts mondiaux. Si la situation s’est améliorée (inflation retombée à 5,3 % en 2023 puis environ 2 à 3 % en 2024-2025), la hausse générale des prix reste une préoccupation pour les ménages togolais.
Dans ce contexte, acheter un terrain au Togo ou investir dans la terre apparaît comme une valeur refuge. Contrairement à l’argent dormant en compte qui se déprécie en période inflationniste, un terrain a tendance à conserver (voire augmenter) sa valeur réelle. Historiquement, la courbe des prix fonciers à Lomé a largement dépassé l’inflation : certaines parcelles urbaines ont vu leur prix doubler en 5 à 10 ans, ce qui surpasse de loin l’érosion monétaire moyenne. Durant les années de forte inflation, beaucoup de Togolais se sont rués vers le foncier, considérant qu’un lopin de terre ne “fondra” pas comme la valeur du franc CFA dans le portefeuille.
De plus, le foncier protège contre la volatilité : là où un placement boursier ou des cryptos peuvent chuter brusquement, un terrain à Lomé ou en périphérie ne perd que rarement de la valeur du jour au lendemain. Bien sûr, il s’agit d’un investissement tangible et immobilisé, mais nombre de jeunes actifs préfèrent placer leurs économies dans une petite parcelle, quitte à la revendre plus tard avec profit, plutôt que de les voir grignotées par l’inflation ou les frais bancaires. Le dicton local “la terre ne trahit pas” résume bien cette philosophie.
Rentabilité locative : tirer profit d’un terrain nu
Acheter un terrain au Togo, c’est bien, le rentabiliser, c’est mieux. Or, un terrain nu peut sembler improductif tant qu’on n’y construit pas. Pourtant, au Togo, l’ingéniosité ne manque pas pour générer des revenus temporaires sur son lot en attendant un projet. Dans la périphérie de Lomé, on observe ainsi des propriétaires qui louent provisoirement leurs parcelles à des fins variées :
- Parkings pour poids lourds ou taxis : Avec l’essor du transport et le manque de stationnement proche du port de Lomé, des terrains vides servent de parkings payants pour camions en transit ou flottes de taxis. Par exemple, du côté d’Adétikopé (où s’est ouvert un port sec de 487 places de camions), certains lots privés accueillent des poids lourds moyennant un forfait journalier ou mensuel. Un terrain de 600 m² près d’un axe passant peut ainsi rapporter quelques dizaines de milliers de francs par mois en parking.
- Foires, marchés et événements : Lors de grands évènements comme les foires commerciales (ex : foire Adjafi à Agoè) ou les concerts en plein air, les organisateurs recherchent des espaces dégagés. Mettre à disposition son terrain pour une foire temporaire, un marché de Noël ou un festival peut rapporter un beau pactole sur un court laps de temps. Les foires saisonnières vers Agoè ou Avepozo offrent des opportunités de location sur quelques semaines, souvent payées d’avance.
- Bars et restaurants à ciel ouvert : La mode des bars “plein air” et autres maquis s’est emparée de Lomé. De nombreux établissements de nuit n’ont pas de mur en dur mais occupent un grand terrain ouvert avec des paillotes. Si votre parcelle est bien située (par exemple dans un quartier étudiant ou à proximité d’une route fréquentée), vous pourriez la louer à un promoteur de bar lounge open-air. Ces baux informels, souvent renouvelables tacitement, génèrent un loyer mensuel tout en laissant la possibilité de récupérer le terrain en donnant un préavis.
- Autres usages temporaires : garages mécaniques provisoires (sauf interdiction légale locale), dépôts de matériaux de construction, terrains de sport improvisés ou même jardins potagers urbains – autant d’usages qui permettent d’obtenir un revenu transitoire tout en gardant son terrain pour un projet futur. On trouve par exemple des annonces de location de terrains nus clôturés à Lomé pour en faire des dépôts ou petits ateliers, autour de 300 000 FCFA par mois pour 2 700 m² vers Kégué. Cela donne une idée du rendement possible : un lot standard (~600 m²) pourrait rapporter aux alentours de 70 000 FCFA par mois dans ce type d’usage.
Bien entendu, ces locations temporaires nécessitent de sécuriser le terrain (clôture, portail) et de s’accorder sur la durée avec l’occupant. Il faut aussi rester vigilant aux nuisances (un garage de camions peut créer du bruit et de la pollution, à considérer surtout en zone résidentielle). Mais globalement, la rentabilité locative d’un terrain nu au Togo peut varier de 3 à 10 % par an de sa valeur, selon l’usage qu’on en fait – ce qui n’est pas négligeable en attendant une construction définitive.
Titres fonciers et sécurité : un parcours du combattant en amélioration
De tous les risques liés à l’investissement foncier, l’insécurité des titres est le plus redouté au Togo. En effet, les litiges fonciers sont légion : « En moyenne 80 % des litiges portés devant les tribunaux togolais sont liés au foncier », révèle un rapport de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Ventes illicites, double vente d’une même parcelle, contestation de propriété… Beaucoup ont perdu économies et sommeil dans des affaires de terrains vendus à plusieurs personnes à la fois ou de faux propriétaires.
Jusqu’à récemment, obtenir un titre foncier (le Graal qui fait de vous l’unique propriétaire légal) relevait du casse-tête administratif. Les lenteurs du Cadastre et de la Conservation foncière étaient notoires : dossiers égarés, délais interminables, agents peu diligents. Des acquéreurs se retrouvaient avec des « titres » provisoires (3 tampons) pendant des années, situation propice aux conflits. Les affaires de ventes multiples (une parcelle cédée plusieurs fois à des acheteurs différents) ont même entraîné des drames sociaux et érodé la confiance dans la justice.
Heureusement, depuis la réforme du Code foncier de 2018 et les mesures subséquentes, l’administration a fait de la sécurisation foncière une priorité. Voici quelques avancées notables :
- Guichet Foncier Unique (GFU) : Créé en 2018, il regroupe en un même lieu toutes les formalités de mutation (transfert de propriété). Fini le ping-pong entre services. On dépose son dossier et le guichet unique s’occupe des étapes jusqu’à l’enregistrement.
- Numérisation des archives : 99 % des anciens titres ont été numérisés. Une base de données électronique permet de vérifier l’historique d’une parcelle (ventes, hypothèques) en un clic. Cela limite les risques qu’un terrain titré soit frauduleusement revendu : toute copie de titre peut être confrontée à l’original numérique.
- Réduction des délais : En 2018, il fallait en moyenne 10 jours pour enregistrer une mutation de titre foncier, déjà un progrès. En 2019, ce délai est tombé à 7 jours, et depuis 2020 le gouvernement affiche un impressionnant délai maximal de 6 heures (!) pour effectuer un transfert de propriété complet. Autant dire qu’une fois les documents réunis et les frais payés, vous pouvez devenir propriétaire officiel dans la journée. Ce délai record s’explique par la simplification des procédures et la digitalisation, même si dans la pratique quelques jours peuvent s’écouler pour des cas complexes.
- Numéro Unique Parcellaire (NUP) : Depuis le 1er août 2024, chaque parcelle se voit attribuer un identifiant unique. Ce NUP suit le terrain dans tous les documents (vente, bail, hypothèque), un peu comme un numéro de sécurité sociale de la parcelle. L’objectif est d’assurer une traçabilité totale et d’éviter les doublons ou fraudes sur les titres. En liant chaque transaction à ce numéro, on espère réduire drastiquement les litiges de double vente et les conflits d’héritage.
- Paiement anticipé des frais : À partir de mars 2025, l’Office Togolais des Recettes (OTR) exige le paiement préalable de tous les frais liés à une formalité foncière avant même le dépôt de la demande. Que ce soit pour une inscription hypothécaire, un bail ou une mutation, il faut avancer les frais estimés intégralement, sans quoi le dossier n’est pas accepté. Cette mesure vise à éviter les retards dus aux paiements fractionnés et à responsabiliser les demandeurs. L’OTR y voit un moyen d’accélérer les procédures et de gagner en efficacité. Cela peut sembler contraignant financièrement, mais l’avantage est que votre dossier ne traînera pas en attente d’un règlement manquant.
En dépit de ces progrès, pour acheter un terrain au Togo en 2025, tout investisseur doit rester vigilant. Il est fortement conseillé de vérifier l’existence d’un titre foncier ou à défaut d’un jugement d’immatriculation avant d’acheter. En l’absence de titre, assurez-vous que le vendeur dispose au minimum d’un plan visé et d’un certificat administratif valable, et menez votre enquête dans le quartier (chefs traditionnels, voisins) pour confirmer que le terrain n’est pas disputé. Ne lésinez pas sur les frais d’un notaire ou conseiller juridique : mieux vaut dépenser quelques centaines de milliers de francs en vérifications que de perdre des millions dans un litige. Enfin, gardez en tête que le titre foncier est la seule garantie absolue de propriété au Togo : dès que possible, faites titrer votre terrain pour dormir sur vos deux oreilles.

Financer son terrain : quelles options pour les jeunes ?
Acheter un terrain, surtout en zone urbaine, requiert un apport conséquent. Comment les jeunes Togolais parviennent-ils à financer cette acquisition ? Plusieurs pistes de financement existent, même si le crédit immobilier n’est pas encore aussi répandu qu’en Occident.
1. Crédits bancaires classiques : Les banques togolaises commencent à proposer des prêts immobiliers dédiés à l’acquisition de terrain ou à la construction. Par exemple, Orabank Togo offre un crédit immobilier pouvant aller jusqu’à 100 millions FCFA sur 15 ans, avec un taux d’intérêt avoisinant 7,75 % (TTC). De son côté, Ecobank ou la BOA ont également des produits “logement”. En pratique, ces prêts exigent souvent d’être salarié en CDI et de pouvoir apporter une garantie hypothécaire (le terrain acheté sera hypothéqué au profit de la banque). Le taux d’intérêt moyen tourne autour de 7 à 8 % par an, légèrement en baisse ces dernières années grâce aux efforts de la BCEAO. Ce coût du crédit reste élevé comparé à l’Europe, mais il est dans la norme UEMOA. Pour un jeune actif, emprunter par exemple 10 millions sur 10 ans reviendra à une mensualité d’environ 120 000 FCFA. Il faut donc un revenu stable et suffisant. Bonne nouvelle toutefois : les banques financent de plus en plus volontiers le foncier, car la valeur des terrains grimpe et offre des garanties solides.
2. Microfinances et coopératives d’épargne : En l’absence de fiche de paie en béton, certains se tournent vers des institutions de microfinance ou des coopératives d’épargne. Des caisses comme WAGES, SFD, etc., proposent des crédits habitat de plus petite envergure. Les montants prêtés sont moindres (quelques millions FCFA) et les durées plus courtes, mais la flexibilité d’accès est meilleure pour les travailleurs du secteur informel. Attention cependant aux taux qui peuvent être supérieurs à 10 % annuels et aux frais de dossiers. Il est conseillé de bien comparer les offres.
3. Tontines et épargne communautaire : La tradition de la tontine (cagnotte collective tournante) reste très présente. De nombreux jeunes s’organisent en groupes d’épargne où chacun cotise mensuellement et la cagnotte est remise à tour de rôle aux membres. Ce système permet de rassembler progressivement la somme pour un terrain sans passer par la banque. Par ailleurs, certaines tontines ont évolué en coopératives d’habitat, où l’on achète des terrains en gros puis on les redistribue aux membres à prix coûtant. C’est une option à envisager pour qui a un solide réseau de confiance.
4. Aide de la diaspora ou de la famille : Il ne faut pas le nier, beaucoup d’achats fonciers de jeunes Togolais sont cofinancés par un parent ou un proche vivant à l’étranger. Les envois de fonds de la diaspora constituent un apport majeur pour investir au pays. Un jeune peut par exemple fournir une partie de ses économies et un oncle en Europe compléter la somme, y voyant un investissement familial. Ces arrangements privés ne sont pas rares et témoignent de l’esprit de solidarité mais aussi de l’intérêt de la diaspora pour la pierre au Togo.
5. Programmes publics émergents : Le gouvernement, conscient du déficit de logements (estimé à plus de 500 000 unités, a lancé des projets de logements abordables et un mécanisme de garantie de prêts habitat (via le Fonds de Solidarité Africain et la CRRH-UEMOA). En 2024 a été inauguré le programme “LPG” (Loan Guarantee Program) pour faciliter l’accès au crédit logement des ménages modestes. Ces initiatives pourraient, à terme, aider les jeunes primo-accédants à obtenir des financements à taux réduits ou sans apport. Toutefois, en 2025, leurs effets concrets commencent juste à se faire sentir et concernent surtout l’accession à la maison construite plus qu’au terrain nu.
En somme, financer un terrain au Togo reste un défi, mais pas une mission impossible. Avec un emploi stable, un bon dossier et peut-être un peu d’aide familiale, la banque devient une option. Sinon, l’auto-épargne disciplinée (tontine, compte bloqué) peut porter ses fruits. Il faut enfin garder à l’esprit les coûts annexes (frais d’acte, fiscalité) pour éviter les surprises une fois le budget réuni – ce que nous abordons justement dans la section suivante.
Fiscalité foncière : quels frais et taxes prévoir ?
Investir dans un terrain ne s’arrête pas au paiement du prix au vendeur. Il faut aussi compter avec la fiscalité et les frais administratifs inhérents à la propriété foncière au Togo. En 2025, voici les principaux coûts à anticiper :
1. Frais d’enregistrement (mutation) – Bonne nouvelle, ils ont beaucoup baissé avec les réformes. Depuis fin 2018, le Togo a instauré un forfait fixe de 35 000 FCFA sur toutes les mutations totales de propriété, au lieu de l’ancien calcul proportionnel de 4 % de la valeur. En pratique, cela signifie que pour enregistrer la vente d’un terrain, on paie 35 000 FCFA (ce qui couvre les droits d’enregistrement fixes, les timbres et la conservation foncière). Ce forfait rend l’enregistrement beaucoup moins coûteux qu’avant (où un terrain de 20 millions aurait entraîné 800 000 FCFA de droits à 4 %). Attention toutefois : la mesure de 2020 liée au Covid avait temporairement modifié certains taux. Par exemple, pour les premières immatriculations, les droits proportionnels ont été abaissés de 5 % à 1,5 % de la valeur vénale, et pour les morcellements (division de terrain) de 3 % à 0,9 %. Mais pour un acheteur final d’un terrain déjà titré, c’est bien le droit forfaitaire unique de 35 000 FCFA qui s’applique pour la mutation. Autant dire une somme symbolique par rapport à l’investissement.
2. Frais de notaire – Fixés par décret, ils sont généralement autour de 3 à 5 % du prix du terrain (échelonnés par tranche de valeur). Le notaire perçoit aussi des émoluments pour l’établissement des actes de vente et la vérification foncière. Sur un petit lot de 5 millions, comptez peut-être 200 000 FCFA de frais notariés. Bien que négociables dans une certaine mesure, ils sont indispensables pour la sécurité juridique. Incluez-les dans votre budget.
3. Taxe de plus-value – Spécificité togolaise méconnue, l’OTR a introduit en 2019 une taxe sur les plus-values immobilières en cas de revente. Si vous revendez un terrain plus cher que vous ne l’avez acheté, vous devriez, en théorie, acquitter 7 % sur la différence de prix (si la revente intervient moins de 5 ans après l’achat). Par exemple, achat 10 M revendu 15 M dans l’année = plus-value 5 M, donc taxe ~350 000 FCFA. Si vous détenez le bien depuis plus de 5 ans, un abattement de 20 % est appliqué sur la plus-value imposable (s’il y a une construction sur le terrain), puis le taux de 7 % s’applique sur le reste. En pratique, cette taxe est encore peu perçue car beaucoup de transactions ne sont pas déclarées ou sont sous-évaluées sur les actes. Mais avec la modernisation du cadastre et le NUP, l’OTR compte bien mieux suivre ces reventes. Mieux vaut donc être au courant de son existence pour éviter une sanction fiscale plus tard.
4. Taxe foncière annuelle – Tout propriétaire, qu’il s’agisse d’un immeuble bâti ou d’un terrain nu, est redevable d’une taxe locale annuelle, appelée Taxe Foncière (TF). Son mode de calcul dépend du type de propriété :
- Pour les terrains non bâtis (TFPNB), c’est 2 % de la valeur vénale du terrain au 1er janvier de l’année. En pratique, la valeur est estimée par le Cadastre selon la zone. Par exemple, un terrain nu estimé à 10 millions vaudra 200 000 FCFA de taxe par an.
- Pour les propriétés bâties (TFPB), c’est 15 % du revenu net cadastral. Le revenu net cadastral correspond à 50 % de la valeur locative annuelle du bien (l’autre moitié étant considérée comme charges et amortissement). En clair, cela revient à environ 7,5 % de la valeur locative brute. Exemple : si votre maison pourrait se louer 1 000 000 FCFA par an, le net cadastral est 500 000, donc la taxe est 15 % de 500 000 = 75 000 FCFA par an.
- Exonérations : Jusqu’en 2023, la résidence principale du propriétaire était exonérée de TFPB. Mais depuis janvier 2024, seules les habitations principales uniques demeurent exemptées, et toutes les résidences secondaires sont taxées. Le but est d’élargir l’assiette fiscale. Ainsi, si vous avez une maison où vous vivez (non taxée) et que vous achetez un deuxième terrain ou maison, cette seconde propriété sera soumise à la taxe foncière bâtie ou non bâtie selon le cas.
Il convient de payer la taxe foncière chaque année à l’OTR (généralement sur la base d’un avis d’imposition reçu en fin d’année). Le non-paiement peut entraîner des pénalités, voire des poursuites après plusieurs années. Pour un terrain vide valant peu, l’impôt reste modeste, mais pour un immeuble de rapport il peut représenter une somme non négligeable. Prévoyez donc ce coût récurrent dans vos calculs de rentabilité.
5. Frais divers – N’oublions pas les frais de bornage par un géomètre, souvent nécessaires pour matérialiser les limites exactes du terrain (surtout en cas de morcellement). Un géomètre agréé peut facturer entre 100 000 et 300 000 FCFA selon la taille du lot et la complexité. De même, l’obtention d’un certificat de propriété ou de copies conformes de titre peut engendrer quelques milliers de francs de timbres et de frais administratifs (mais c’est minime). Enfin, si vous passez par une agence ou un démarcheur immobilier, leur commission standard est autour de 5 % du prix de vente (à négocier) – généralement payée par l’acheteur.
En résumé, le Togo a beaucoup allégé la fiscalité de transaction pour encourager les enregistrements (avec un forfait de 35 000 FCFA qui fait figure d’exemple dans la région). Par contre, il renforce la fiscalité récurrente (taxe foncière) pour remplir les caisses des communes et inciter les propriétaires à mettre en valeur leurs biens. Pour un investisseur, cela signifie qu’acheter est peu taxé, posséder l’est un peu plus. Mais comparé à certains pays, la charge fiscale foncière togolaise demeure raisonnable et transparente, du moment qu’on s’en acquitte dans les règles.
Liquidité : revendre facilement, est-ce possible ?

Investir dans le foncier, c’est aussi se poser la question de la sortie. Pourra-t-on revendre rapidement son terrain en cas de besoin d’argent ou pour réaliser sa plus-value ? La liquidité d’un terrain dépend de plusieurs facteurs au Togo, mais globalement elle s’est améliorée ces dernières années.
Marché actif et demande croissante : Dans la zone de Lomé et ses environs, la demande en terrains reste soutenue. La poussée démographique, l’expansion de la classe moyenne et l’arrivée de nouveaux investisseurs (diaspora, expatriés régionaux) font qu’il y a presque toujours preneur pour un terrain bien situé. Les petites parcelles (½ lot à 2 lots) dans les zones en vue trouvent acquéreur assez vite, souvent en quelques semaines, surtout si le prix est aligné sur le marché. Par exemple, un demi-lot à Agoè ou Avédji mis en vente à prix raisonnable se vend souvent en moins d’un mois via le bouche-à-oreille ou une annonce WhatsApp, tant la demande locale est forte. En ce sens, le foncier à Lomé est liquide comparé à d’autres investissements physiques (comme essayer de vendre des machines ou des œuvres d’art…).
Formalités de revente accélérées : Comme mentionné plus haut, transférer officiellement un terrain titré à un acheteur peut désormais se faire en 24 h à 7 jours en moyenne. Les procédures administratives n’ajoutent donc quasiment plus de délai à la transaction. Le seul facteur d’attente peut être la disponibilité du notaire et du géomètre pour actualiser le plan, mais on parle en jours/semaines, pas en mois. Cette fluidité administrative améliore la liquidité, car un acquéreur sait qu’il pourra devenir propriétaire officiel rapidement, et le vendeur touche son argent sans bloquer trop longtemps.
Attention à la spéculation et aux bulles locales : Si vous achetez dans une zone très prisée et revendez en pleine euphorie, pas de souci pour trouver des acheteurs, parfois même à la surenchère. Cependant, sur des zones plus excentrées (village reculé, zone encore enclavée), il peut y avoir moins d’acheteurs intéressés dans l’immédiat. Un terrain à Tsévié ou Kpomé sera forcément moins liquide qu’un terrain à Agoè ou Hédzranawoé. Il n’est pas rare de voir des annonces de terrains en zone rurale rester des mois sans preneur si le prix demandé est jugé trop haut. La liquidité dépend donc aussi du bon ajustement du prix à la réalité du marché local. Un investisseur avisé doit éviter de surpayer un terrain dans l’espoir de le revendre plus cher, car en cas de correction du marché ou de repli de la demande, il pourrait avoir du mal à trouver un acheteur au même prix.
Rôle des intermédiaires : À Lomé, une armée de démarcheurs et agents informels facilitent la mise en relation vendeurs-acheteurs. Si vous voulez vendre vite, vous pouvez faire appel à l’un d’eux (en veillant à son sérieux) : il activera son réseau et vous amènera des candidats. Bien sûr, il faudra lui verser une commission (souvent payée par l’acheteur, mais in fine cela réduit votre gain net). Les plateformes en ligne (Facebook, CoinAfrique, etc.) jouent aussi ce rôle : poster une annonce bien détaillée avec photos et numéro WhatsApp permet souvent d’accélérer la transaction. Internet et réseaux sociaux ont fluidifié le marché immobilier togolais, rendant la mise en vente plus simple qu’autrefois où il fallait coller des affiches “Terrain à vendre” sur le lot et attendre l’acheteur providentiel.
Enfin, il faut noter que le foncier demeure un placement moins liquide que des actions en bourse ou un compte d’épargne. Vous ne pouvez pas “céder” une partie de votre terrain instantanément pour récupérer du cash : il faut soit le morceler (ce qui prend du temps), soit le vendre en entier. Cela nécessite donc de bien planifier son investissement et de garder un matelas de liquidités ailleurs pour les besoins urgents. Cependant, dans l’échelle de liquidité des actifs tangibles au Togo, la terre à Lomé se situe plutôt du bon côté : comparée à vendre un immeuble entier (qui peut prendre des années), vendre un terrain viabilisé est relativement aisé.
Acheter un terrain au Togo en 2025 présente un visage résolument attractif, avec une urbanisation porteuse, un cadre macroéconomique plus stable et des réformes foncières qui sécurisent les transactions. Les jeunes Togolais y voient un moyen de construire patiemment leur patrimoine, que ce soit en achetant tôt en périphérie, en profitant d’une plus-value future ou en tirant un revenu d’appoint de leur terrain. Comme pour tout investissement, il y a des risques (litiges, coût d’opportunité, gel des liquidités), mais armé des bonnes informations et entouré de conseils juridiques, un achat de terrain peut s’avérer un excellent pari sur l’avenir – et pourquoi pas, le premier pas vers la maison de vos rêves ou un projet immobilier florissant. Le tout est de rester pragmatique, patient, et de toujours garder un œil sur l’évolution de “l’or brun” togolais qu’est la terre.