Alors que Marguerite Gnakadé a pu entamer sa marche, les forces de l’ordre ont bloqué et contraint d’autres manifestants chez eux, notamment Aamron et sa mère.
La journée de manifestations pacifiques prévue ce 30 août par le collectif M66 se poursuit. Alors que l’ancienne ministre Marguerite Gnakadé a été filmée en train de marcher en file indienne avec d’autres citoyens, comme promis, d’autres figures du mouvement, comme le rappeur engagé Aamron, ont été empêchées de participer par les forces de l’ordre.
Aamron et sa mère interdits de participer à la journée nationale du Sport
Le noyau de cette lutte, le musicien et activiste, a été contraint de retourner à son domicile sous la pression des militaires, un épisode raconté avec émotion par sa mère, qui l’accompagnait.
Dans un témoignage vidéo, la mère du rappeur a raconté les événements de ce matin. Elle explique être sortie avec sa béquille pour une « marche sportive« , une manière de contourner l’interdiction de manifester, afin de réclamer « ce que le peuple réclame« .
« Les coupures d’Internet, la hausse du prix de l’électricité, les prix des cahiers… tout ce qui nous empêche de vivre. La faim. Oui, la faim. On a servi ce pays, mais aujourd’hui, on meurt de faim. Et on ne peut même pas parler. On nous a pris la parole, on nous empêche de parler« , a-t-elle déclaré, résumant le profond sentiment de frustration qui anime de nombreux Togolais.
Le témoignage d’une maman
Son récit décrit ensuite un blocage progressif. Après avoir été initialement bloquée, elle a cru que des soldats étaient là pour sa « protection« . Mais la situation a rapidement dégénéré avec l’arrivée de renforts militaires. « Ils ont déversé les gens, ils nous ont poussés comme du bétail« , a-t-elle témoigné, visiblement traumatisée.
Les forces de l’ordre les auraient alors suivis jusqu’à leur domicile, en abîmant le portail d’entrée au passage. Ils sont ensuite entrés dans la propriété et ont interpellé son fils, Aamron. « Ils lui ont dit : ‘Supprime tout ce que tu as filmé, et on te rend ton portable’. Il a supprimé, ils lui ont rendu« , a-t-elle raconté, dénonçant une confiscation illégale et une censure forcée.
La dame, qui affirme marcher aussi pour sa santé, s’est dite « vraiment fatiguée » par cette situation, concluant amèrement : « Il y a des Togolais à part entière, et des Togolais entièrement à part« .
La journée du 30 août confirme que la stratégie de « marche sur les trottoirs » adoptée par les opposants crée un nouveau dilemme pour les autorités, entre répression risquée et laisser-faire potentiellement contagieux.
