Le 3 juillet 2025, après plus d’une semaine de silence relatif, Aamron, l’artiste et activiste togolais, a publié un message poignant sur TikTok. Il a exprimé ses doutes, ses inquiétudes et son désespoir face à la situation dans laquelle il se trouve après sa libération.
Dans ce message, il revient sur son état psychologique, ses limitations imposées par les autorités et le surveillance constante qui pèse sur lui et sa famille.
« Je suis confiné chez moi »
Dans sa publication, le rappeur a expliqué que bien qu’il soit libre physiquement, il ne vit pas une véritable libération. Selon lui, il est pratiquement confiné chez lui, sortant très peu, voire jamais, par crainte de représailles. Il a révélé que même ses enfants, notamment sa fille aînée, ne sortaient plus de la maison après avoir publiquement déclaré sur les réseaux sociaux que « son père n’était pas fou« .
Aamron décrit une psychose qui s’est installée autour de sa famille, exacerbée par la surveillance constante. Il raconte que des personnes semblent régulièrement postées devant sa maison, ce qui alimente un sentiment de peur parmi ses proches. Ses parents ont même pris la décision d’interdire à ses enfants de sortir, craignant des attaques ou des kidnappings.
Un contrôle de son état mental : « Une épée de Damoclès au-dessus de ma tête »
Une des mesures les plus préoccupantes pour Aamron concerne la surveillance psychiatrique. Il explique que bien que aucune procédure judiciaire n’ait été engagée contre lui, il doit continuer de voir un psychologue pendant 6 mois pour surveiller son « état mental« . Selon lui, cette surveillance pourrait être utilisée à des fins de contrôle, et il redoute qu’une vidéo ou une déclaration jugée inappropriée par les autorités puisse suffire pour le déclarer à nouveau instable.
« Cela veut dire qu’il pourrait suffire d’une vidéo que les gens jugeraient inappropriée pour que je sois déclaré de nouveau instable. »
Aamron décrit cette situation comme une épée de Damoclès constamment suspendue au-dessus de sa tête, une menace permanente qui l’empêche de se sentir réellement libéré.
L’artiste a également abordé la question de ses outils de travail. Il déplore ne pas avoir récupéré ses portables et son ordinateur, qui avaient été emportés lors de la perquisition effectuée chez lui sans mandat. « Je n’ai plus accès à mon portable, mon outil de travail« , déplore-t-il. Il insiste sur le fait qu’il a perdu l’accès à ses comptes de réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, et WhatsApp, et qu’il ne peut plus communiquer avec ses contacts.
« Est-ce que je sens que ma vie est en danger ? OUI »
« Le seul compte auquel j’ai accès est celui de TikTok, car il avait été ouvert sur un ancien téléphone que j’avais laissé à ma mère », déplore-t-il.
Cette situation le contraint à envisager la création de nouveaux comptes pour rester en contact avec ses supporters. Il a indiqué qu’il allait créer de nouvelles pages sur TikTok, Facebook, Instagram, et Twitter, et a appelé ses abonnés à partager ces nouvelles informations pour relancer sa présence en ligne.
Aamron ne cache pas ses craintes pour sa vie. Il affirme que les personnes qui l’ont torturé lui ont explicitement menacé de représailles s’il venait à parler publiquement de ce qu’il a vécu. Il raconte que « ceux qui m’ont torturé m’ont dit que si jamais j’en parle, je devrais dormir avec un œil ouvert et surveiller mes arrières, car ils reviendraient me chercher.«
Le message d’unité et de soutien d’Aamron
Dans une vidéo complémentaire postée le 4 juillet 2025, le rappeur a exprimé son espoir et son engagement envers la lutte collective pour la justice et la liberté. Il a salué le soutien qu’il a reçu de nombreux acteurs politiques, influenceurs, blogueurs, ainsi que des organisations de la société civile et des diplomates.
Il a aussi pris le temps de remercier plusieurs personnes, notamment Zaga Bambo, Raoul Le Blanc, Kodjovitoguin, Noelie Elykem LaMessagère, et bien d’autres, pour leur mobilisation et leur solidarité. Il a déclaré : « Ne sous-estimez pas votre force, en étant unis, nous pouvons soulever des montagnes. »
Aamron insiste sur l’importance de la solidarité et de l’unité dans la lutte pour un Togo libre et démocratique. Il promet de nommer toutes les personnes qui l’ont soutenu une fois que la situation sera plus stable.
