Au lendemain de la tentative de coup d’État au Bénin, le philosophe camerounais Achille Mbembe estime que le continent africain s’engage dans une période où les renversements de pouvoir risquent de se multiplier.
Citant Le Monde Afrique, l’intellectuel, également directeur de la Fondation de l’innovation pour la démocratie en Afrique du Sud, affirme que la vague de putschs observée depuis 2020 n’a rien d’accidentel : 14 coups d’État ont été recensés en cinq ans, dont plusieurs au Sahel, mais aussi en Guinée, au Gabon, au Soudan, à Madagascar et en Guinée-Bissau.
Pour Achille Mbembe, cette instabilité récurrente révèle une crise structurelle des systèmes politiques africains. Il décrit un “multipartisme administratif” incapable de répondre aux exigences d’un véritable État de droit. Héritées de la colonisation, les institutions actuelles auraient été construites pour imposer l’autorité plutôt que pour instaurer le dialogue, un modèle qui alimente la violence comme mode privilégié de conquête du pouvoir.
Il juge même le terme “démocratie” inadapté à une large partie du continent, tout en reconnaissant quelques exceptions comme l’Afrique du Sud, le Botswana, l’île Maurice, Cabo Verde, les Seychelles et, dans une moindre mesure, le Sénégal.
Selon lui, la compétition politique en Afrique est désormais dominée par la lutte acharnée pour le contrôle des ressources, rendant la bataille pour le pouvoir “à somme nulle”. Il rappelle également l’influence croissante des groupes armés, qu’il s’agisse du M23 dans l’est de la RDC ou des organisations djihadistes au Mali.
Recevez l'actualité directement dans votre boite mail !
MERCI !
Une dynamique qui s’inscrit, selon Mbembe, dans un contexte mondial marqué par le recul démocratique et la montée de la force brute, un cycle qui pourrait entraîner un accroissement du pillage des ressources et des violences, notamment au Soudan, dans la région des Grands Lacs et au Sahel.











