9ème Congrès panafricain à Lomé : Le Togo entre ambition continentale et vives critiques internes

9ème Congrès panafricain à Lomé

Lomé s’anime avec le 9ème Congrès Panafricain, un événement continental majeur qui s’est ouvert ce lundi 8 décembre 2025. Dix ans après la dernière édition à Accra, la capitale togolaise ambitionne d’être le creuset d’une réinvention du projet panafricain.

Sur la table des débats : la place de l’Afrique dans les institutions mondiales, l’épineuse question des réparations pour les injustices historiques et les chemins vers une plus grande autonomie stratégique. Cette rencontre, portée depuis plus de deux ans par le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey, positionne le Togo en acteur central du débat intellectuel et politique africain.

Un aréopage diversifié à Lomé

Le 9ème Congrès Panafricain réunit un panel éclectique : des responsables politiques comme le ministre angolais de la Culture, des intellectuels de renom tels l’économiste Kako Nubukpo, des figures des droits de l’homme comme le Sénégalais Doudou Diène, ainsi que des influenceurs panafricanistes comme Nathalie Yamb et Franklin Nyamsi. Cette diversité témoigne de la volonté d’un dialogue large.

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Cependant, l’événement est aussi marqué par l’absence retentissante de l’activiste Kémi Séba, qui a refusé de participer, dénonçant un « régime togolais qui asphyxie sa population ».

La charge violente de l’opposition togolaise

Car loin de faire l’unanimité en interne, ce sommet est violemment rejeté par la principale opposition. L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre y voit bien plus qu’un simple forum. Dans un communiqué cinglant, le parti a qualifié l’événement de « gigantesque opération de maquillage politique » et de « mascarade ».

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Pour l’ANC, le régime en place n’a « aucune légitimité ni politique ni institutionnelle ni historique ni morale pour parler de panafricanisme ». Le parti fustige un pouvoir qu’il accuse de s’être maintenu par « l’injustice, la peur, la terreur, l’arbitraire, la force brute et la fraude électorale », et dénonce un « double langage » cynique : invoquer l’unité africaine tout en divisant et réprimant, selon lui, son propre peuple. L’ANC avait aussi vivement critiqué la participation de Doudou Diène, l’appelant à se retirer pour ne pas servir de caution morale au régime.

Un événement à double lecture

Ce 9ème congrès panafricain illustre ainsi parfaitement le phénomène de la « diplomatie de prestige » et ses limites. Pour le gouvernement togolais, c’est une occasion de rayonnement international, de mise en réseau et d’affirmation comme pôle diplomatique. Pour l’opposition radicale, c’est un instrument de légitimation détourné, visant à redorer un blason terni par les accusations d’autoritarisme. La tenue même de l’événement devient un champ de bataille narratif : entre une vision d’un Togo ouvert et leader des idées, et une vision d’un Togo où la liberté de débat est confisquée à la maison pendant qu’on l’exporte sur scène.

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Le succès ou l’impact de ce congrès sera donc jugé sur deux plans : la qualité des idées et des alliances qu’il fera émerger pour l’Afrique, et sa capacité à faire taire les divisions politiques profondes qui traversent le pays hôte.

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