Rachida Dati, figure politique emblématique et actuelle ministre de la Culture, a été officiellement renvoyée en correctionnelle pour corruption passive et trafic d’influence, dans le cadre de l’affaire Renault-Nissan.
Selon les juges, entre 2010 et 2012, alors qu’elle était eurodéputée, elle aurait perçu 900 000 euros d’une filiale de l’alliance automobile, RNBV, pour des missions de conseil jugées peu substantielles. Cette rémunération jugée excessive a été mise au jour en 2019, lors d’un audit interne lancé après l’arrestation de Carlos Ghosn, ex-PDG de Renault, au Japon.
Les enquêteurs soupçonnent Dati d’avoir usé de son influence en faveur de Renault au Parlement européen.
Un “pacte corruptif” avec Carlos Ghosn ?
Les magistrats du parquet national financier évoquent dans leur réquisitoire un “pacte corruptif” entre Rachida Dati et Carlos Ghosn. Ce dernier, aujourd’hui réfugié au Liban après avoir fui la justice japonaise, est également visé par la justice française pour abus de confiance, corruption active et trafic d’influence. Depuis 2023, un mandat d’arrêt international a été émis contre lui.
Procès à venir : une échéance lourde de conséquences
Le procès de Rachida Dati devrait être fixé lors d’une audience prévue le 29 septembre 2025. Il pourrait intervenir avant les élections municipales de 2026, auxquelles elle envisage de se présenter à Paris. Malgré cette mise en cause, Rachida Dati a formé un appel contre son renvoi en correctionnelle. Cet appel, non suspensif, ne l’empêche pas d’exercer ses fonctions actuelles.
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Une pluie de critiques, un soutien politique timide
L’annonce de son renvoi en justice a provoqué un vif débat dans la sphère politique. À gauche, les appels à la démission se sont multipliés. Le député socialiste Arthur Delaporte estime que “Rachida Dati doit quitter le gouvernement”. Du côté de la mairie de Paris, ses opposants comme Emmanuel Grégoire ou Pierre-Yves Bournazel jugent sa candidature indéfendable.
Du côté de sa propre famille politique, Les Républicains, le silence est pesant, et certains doutent de sa légitimité à briguer la mairie de Paris.
Chez les macronistes, peu de soutien public. L’Élysée se contente d’affirmer que “le renvoi ne vaut pas condamnation” et que la ministre continue son travail. Seul Gérald Darmanin, ministre de la Justice, lui a apporté un soutien clair, saluant son action et appelant au respect de la présomption d’innocence.
Une carrière politique en suspens
Déjà engagée dans une confrontation politique avec Michel Barnier pour l’investiture LR dans une législative partielle à Paris, Rachida Dati voit ses ambitions électorales sérieusement compromises. La ministre est également au cœur d’un projet de réforme de l’audiovisuel public, qui risque d’être ralenti, voire remis en cause, par cette affaire judiciaire.