Un visage emblématique de la vie politique togolaise vient d’accéder à la magistrature suprême. À 85 ans, Jean-Lucien Kwassi Savi de Tové, figure marquante de la gouvernance, du dialogue national et de la société civile, a été officiellement désigné Président de la République ce samedi 03 mai 2025, dans le cadre institutionnel de la Ve République.
Il succède ainsi à Son excellence Faure Gnassingbé désormais nommé Président du Conseil. Mais qui est réellement cet homme à la stature discrète et au parcours hors du commun ? Portrait d’un homme d’État qui incarne à la fois mémoire, stabilité et sagesse républicaine.
Un parcours universitaire brillant au service de l’administration publique
Né le 7 mai 1939 à Lomé, Jean-Lucien Savi de Tové s’est distingué très tôt par ses capacités intellectuelles et son sens de l’engagement civique. Titulaire d’un doctorat en sciences politiques de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, il s’est spécialisé en relations internationales et en administration publique, domaines dans lesquels il a acquis une solide expertise. De retour au Togo, il intègre l’administration publique, où il est reconnu pour son professionnalisme, son impartialité et sa rigueur morale.
Une trajectoire marquée par la répression politique
En 1979, son engagement et ses positions le placent dans le viseur du régime d’alors. Dans un climat de tension sous la présidence de Gnassingbé Eyadéma, il est arrêté et accusé de tentative de complot. Jugé aux côtés de plusieurs figures de l’opposition, dont Gilchrist Olympio, il est condamné à dix ans de prison. Cette épreuve, loin de l’écarter de la vie publique, façonne son engagement futur pour une gouvernance fondée sur la justice et la concertation.
Ministre dans la transition et acteur de la Conférence nationale souveraine
Après sa libération, Jean-Lucien Sanvee de Tové prend une part active au processus de démocratisation du Togo. Il est nommé ministre du Commerce dans les années 1990, à un moment crucial de transition politique. À cette fonction, il défend une approche équilibrée entre ouverture économique et justice sociale.
En 1991, il s’illustre comme l’un des contributeurs majeurs de la Conférence nationale souveraine. Il y plaide pour une refondation des institutions, une réconciliation nationale profonde et un État plus respectueux des droits fondamentaux. Son intervention marquera durablement les esprits par son ton apaisé et sa vision réformatrice.
Fondateur de la CPP, militant du dialogue permanent
En 1999, Jean-Lucien Sanvee de Tové cofonde, aux côtés d’Edem Kodjo, la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP), parti d’opposition modérée qui choisit la voie du dialogue pour parvenir à une alternance démocratique. En tant que premier vice-président de cette formation, il participe à plusieurs processus de concertation nationale, notamment au sein du CPDC (Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation), puis du CPDC rénové, où il contribue activement aux discussions sur les réformes électorales et institutionnelles.
Une figure d’équilibre consultée par tous les camps
Au fil des années, Jean-Lucien Sanvee de Tové se retire progressivement de la politique partisane active, mais son autorité morale reste intacte. Il est régulièrement consulté par les acteurs politiques pour sa capacité à rassembler, son expérience des institutions et sa mémoire des crises passées. Il apparaît comme une figure de neutralité respectée, capable de formuler des recommandations sans esprit partisan.
Un engagement au-delà de la politique
En dehors de la sphère politique, il s’investit également dans la société civile, notamment à travers son rôle de Secrétaire général du Comité National Olympique du Togo (CNOT). À ce poste, il promeut les valeurs éducatives et citoyennes du sport, contribuant à la diplomatie sportive et à la cohésion sociale. Il soutient aussi plusieurs projets culturels à dimension sociale.
Une présidence symbolique dans la Ve République
Désigné Président de la République dans un système désormais parlementaire, Jean-Lucien Savi de Tové incarne une fonction honorifique, garante de l’unité nationale et de l’équilibre des institutions. Ce rôle, bien que symbolique, revêt une importance capitale dans la stabilisation du pays. Il est l’incarnation d’un Togo qui choisit la maturité politique, la sagesse, et la continuité dans le changement.
