La longue bataille juridique entre le journal togolais Liberté et la Première ministre Victoire Tomegah-Dogbé a pris fin de manière controversée. Le jeudi 20 février 2025, la Cour suprême du Togo a confirmé le verdict précédent, rejetant l’appel de Liberté et se rangeant du côté du chef du gouvernement.
L’affaire découle d’un article de 2022 dans Liberté. Le contenu affirmait que les forces de sécurité accompagnant la Première ministre avaient abattu un homme lors du passage de son convoi. Le gouvernement a rapidement réagi, accusant le journal de diffamation. En conséquence, Liberté a été confronté à une suspension de trois mois et à une lourde amende de 12 millions de francs CFA.
Soulagement pour l’équipe juridique du Premier ministre
Suite à la décision du tribunal, Me Jil-Benoît Afangbedji, l’avocat du Premier ministre, s’est dit satisfait. « Je remercie le Tout-Puissant qui a éclairé les juges de la Haute Cour pour qu’ils statuent et blanchissent définitivement ma cliente, Mme le Premier Ministre dont l’escorte n’était nullement impliquée dans l’accident en cause. (…) », a-t-il déclaré, rapporte le confrère Ici Lomé.
Afangbedji a également félicité Tomegah-Dogbé pour avoir laissé le processus judiciaire se dérouler sans interférence. Il a décrit son attitude comme « une grande qualité de Femme d’Etat ».
Zeus Aziadouvo riposte
Cependant, tout le monde n’a pas accueilli favorablement le verdict. Zeus Aziadouvo, fondateur de Liberté et ancien membre de la HAAC, a lancé une attaque féroce à la fois contre le système judiciaire et contre Me Afangbedji. L’accusant d’avoir abandonné ses principes, Aziadouvo a critiqué l’avocat pour avoir prétendument pris le parti du pouvoir au lieu de défendre la liberté de la presse.
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Il a également condamné la décision du tribunal, la qualifiant de tentative de faire taire le journal. « Il n’a jamais été question de blanchir le Premier ministre, car Liberté avait déjà rectifié l’information sur instruction de la HAAC. Mais comme on voulait faire taire le journal, le Premier ministre est allé devant “leur” justice », a-t-il déclaré.
Au-delà de la bataille juridique, Aziadouvo a mis en avant la question non résolue au cœur de l’affaire : la mort d’Adakanou Yaovi. « Dans un pays normal, cette affaire aurait dû être close après la rectification du journal et le parquet aurait dû ouvrir une enquête pour faire toute la lumière sur ce drame », a conclu Aziadouvo.