Le 9ème Congrès panafricain a connu un moment rare en son sein. Lors du deuxième jour des travaux, ce mardi 09 décembre 2025 au Palais des Congrès, l’activiste Siphiwe Ka Baleka Bel El a pris la parole pour adresser une critique frontale au gouvernement togolais, hôte de l’événement. Il dénonce un écart entre les principes panafricains affichés et la situation politique interne du pays.
Devant les délégations africaines et de la diaspora, l’activiste a pointé ce qu’il considère comme une contradiction fondamentale. Il a questionné la légitimité d’un État se présentant comme un défenseur du panafricanisme tout en maintenant, selon ses affirmations, des citoyens en prison pour leurs opinions politiques.
« Le congrès est organisé sur le dos du peuple togolais, dont beaucoup sont dans la diaspora, alors que le pays compte encore des prisonniers politiques, des exilés, et des personnes soumises à des traitements inhumains », a-t-il déclaré avec force.
Un rappel historique et un appel à l’amnistie au 9ème Congrès panafricain
Siphiwe Ka Baleka Bel El a ancré son discours dans l’histoire du Togo, évoquant l’assassinat du premier président, Sylvanus Olympio, qu’il a qualifié de « figure panafricaine majeure ». Selon lui, cet épisode a « déshumanisé le peuple togolais et perpétué des injustices jusqu’à aujourd’hui ».
Il a ensuite lancé un appel direct au ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, présent dans l’assemblée : « Je demande humblement qu’à ce congrès, le Togo prenne le devant dans une résolution pour une amnistie générale des prisonniers politiques. »
L’expression d’une crainte et une remise en cause du panafricanisme
L’activiste a même exprimé des craintes personnelles quant aux conséquences possibles de sa prise de parole. « Je me demande si je vais être ciblé ici parce que je demande une amnistie générale… », a-t-il avoué, ajoutant : « Ce n’est pas la renaissance africaine que nous voulons. Que vaut notre panafricanisme si nous devons vivre dans la peur ? »
Son intervention a également élargi le propos aux situations au Cameroun et en Guinée-Bissau, son pays d’origine, soulignant que de nombreux opposants y sont « poursuivis ou contraints à l’exil ». Pour lui, ces défis démocratiques prouvent l’urgence d’un panafricanisme qui défende concrètement les libertés fondamentales.
Cette intervention critique, inhabituelle dans le cadre protocolaire d’un événement officiel, intervient alors que le congrès est déjà l’objet de vives controverses. L’opposition togolaise et plusieurs organisations de la société civile accusent en effet le gouvernement d’utiliser cette plateforme pour « redorer son image » sur la scène internationale, dans un contexte national marqué par des tensions politiques persistantes.
La réaction officielle du gouvernement à cette interpellation publique est attendue, alors que les travaux du congrès se poursuivent jusqu’à vendredi.